Condamné pour avoir fait une remarque douteuse sur Twitter, le britannique Paul Chambers a finalement obtenu l'annulation de ses précédentes condamnations. Dans leur verdict, les magistrats ont souligné le caractère évident de l'absence de menace, même si la réflexion du jeune homme n'était pas des plus heureuses.

C'est une victoire pour la liberté d'expression. Le britannique Paul Chambers, qui avait été accusé en 2010 d'avoir publié une menace terroriste sur Twitter, a obtenu l'annulation de sa condamnation devant la Haute Cour de Justice. L'homme de 28 ans avait toujours clamé son innocence, affirmant n'avoir fait qu'une mauvaise blague pour passer ses nerfs contre l'aéroport qui prévoyait de reporter son vol.

Les faits remontent à 2010. Découvrant les difficultés de l'aéroport de Doncaster-Sheffield à assurer les liaisons aériennes en raison d'importantes chutes de neige survenues en janvier, le jeune homme avait fait publié un message pour le moins maladroit sur Twitter. "Vous avez un peu plus d'une semaine pour mettre de l'ordre dans votre merdier. Autrement je fais exploser cet aéroport", avait-il lâché.

Il n'en fallait pas davantage pour que la paranoïa antiterroriste s'emballe, dans une Angleterre encore marquée par les attentats du 7 juillet 2005 à Londres. Deux jours avant son départ vers l'Irlande, la police a interpellé Paul Chambers et l'a placé en garde à vue dans le cadre d'une procédure antiterroriste. Interrogé pendant près de sept heures, il a finalement été remis en liberté sous caution.

Mais les ennuis du Britannique ne se sont pas arrêtés là. À cause d'un message mal compris, il a été condamné en première instance en mai 2010 pour diffusion de menaces sur un réseau de communications. La sanction n'avait pas été particulièrement lourde (quelques centaines de livres sterling de dédommagement et de frais de justice), mais a eu un impact sur le quotidien du condamné : la perte de son emploi.

Bien décidé à ne pas en rester là, l'homme a fait appel mais n'a pas obtenu gain de cause. Sa peine a été confirmée en seconde instance, obligeant le faux terroriste à saisir la Haute Cour de Justice. Un choix bien inspiré, car une les tergiversations des magistrats évacuées, ces derniers ont finalement annulé les décisions rendues précédemment, en reconnaissant le caractère décalé du message.

La décision de la Haute Cour de Justice est évidemment salutaire, car toutes les prétendues menaces ne sont pas à prendre au sérieux et doivent être comprises à travers le contexte à travers lequel elles ont été lancées. Car c'est cette psychose du risque terroriste qui affecte nos sociétés, en créant des législations d'exception, en verrouillant la liberté d'expression, en distillant la peur.

La fameuse citation de Benjamin Franklin montre, à ce propos, que les terroristes auront gagné lorsque les sociétés qu'ils entendent inquiéter se mettront à suspecter tous leurs citoyens et lorsque les législations d'exception prendront le pas sur le droit commun. "Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté fondamentale pour obtenir temporairement un peu de sécurité, ne méritent ni la liberté ni la sécurité".

"En soutenant des mesures d'exception qui menacent l'État de droit, [cela] amplifie encore les conséquences funestes de la terreur. Car les politiques répressives peuvent faire le lit des extrêmes", prévient Matthew Carr dans son essai sur le terrorisme. Or avec les réseaux sociaux, beaucoup de ces mauvaises blagues et réflexions à l'emporte-pièce deviennent publiques… poussant involontairement le législateur à agir, croyant voir des menaces.

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