À l’issue d’un conseil de défense, François Hollande a demandé des mesures pour que l’élection présidentielle puisse se tenir sans être perturbée par des cyberattaques.

L’élection présidentielle française, qui se tiendra les dimanches 23 avril et 7 mai 2017, est-elle menacée par des attaques informatiques ? En haut lieu, on craint visiblement pour le bon déroulement du scrutin : la question « cyber » a en effet été discutée au cours d’un Conseil de défense et de sécurité nationale qui s’est tenu mercredi matin au Palais de l’Élysée.

La teneur des échanges n’est pas connue mais un communiqué de presse publié sur le site web de la présidence de la République indique que François Hollande « a demandé que lui soit présentées, lors du prochain Conseil, les mesures spécifiques de vigilance et de protection, y compris dans le domaine cyber, prises à l’occasion de la campagne électorale ».

Gula08

CC Gula08

D’après les informations du Canard Enchaîné dans son édition du mercredi 15 février, la future réunion entre le chef de l’État, les membres du gouvernement (Premier Ministre, Intérieur, Défense, Affaires étrangères…) et les responsables des forces armées et des services spécialisés (DGSE, DGSI, chef d’État-Major des armées…) se tiendra le jeudi 23 février.

Si le communiqué de l’Élysée est très prudent sur ce sujet, puisqu’il prend soin de ne citer aucune cyberattaque particulière ni aucune puissance étrangère suspectée de se livrer à ce type d’action, l’hebdomadaire satirique met directement les pieds dans le plat : « il sera consacré aux cyberattaques venues de Russie et aux menaces qu’elles font peser sur l’élection présidentielle ». C’est dit.

Une réunion consacrée aux cyberattaques venues de Russie

Le Kremlin est désigné dans les médias occidentaux comme la source des opérations électroniques destinées à perturber les scrutins survenant en Europe et en Amérique du Nord. Les États-Unis ont d’ailleurs publiquement accusé Moscou d’avoir cherché à déstabiliser la campagne présidentielle en 2016 afin de faire perdre Hillary Clinton au profit de Donald Trump, perçu à l’Est comme un interlocuteur.

Les soupçons d’ingérence de la Russie dans les affaires internes d’un pays existent aussi en France. Les partisans d’Emmanuel Macron affirment par exemple que sa campagne est aujourd’hui la cible des forces répondant aux ordres de Vladimir Poutine ; vu la position de l’ex-ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, ce ne serait guère étonnant.

Emmanuel Macron est en effet considéré comme un atlantiste convaincu ce qui n’est pas pour plaire à Moscou. Ce ne serait sans doute pas un problème si le candidat d’En Marche était transparent : or, il s’avère qu’il a une bonne place dans les médias et les sondages, si bien qu’il a de bonnes chances de passer le premier tour et de nuire à François Fillon et Marine Le Pen, plus conciliants avec la Russie.

Les attaques attribuées à la Russie ne sont pas uniquement composées d’actions très techniques. Ce peut être tout simplement de la désinformation dans les médias et sur les réseaux sociaux, par exemple via des rumeurs destinées à faire changer le regard des électeurs sur tel ou tel candidat. C’est ce qui est justement arrivé à Macron, à qui on a prêté une relation avec Mathieu Gallet, le PDG de Radio France.

Rumeurs et boules puantes

La campagne présidentielle, qui n’est déjà pas très glorieuse, pourrait voir apparaître des boules puantes sur les mœurs des candidats ou des fausses informations sur de supposés agendas cachés, sur les bilans des uns et des autres lorsqu’ils ont été en fonction ou à travers des thématiques très clivantes dans la société, comme la place de l’islam en France ou le sort des migrants en Europe.

Si une action est menée contre l’élection présidentielle, c’est vraisemblablement par le biais des fausses informations ou des attaques informatiques contre les sites des partis politiques qu’elle se manifestera. Les opérations de vote semblent relativement hors d’atteinte, dans la mesure où elles sont très traditionnelles : on vote avec des bulletins en papier et des urnes transparentes.

france drapeau

CC jpellgen

Cela étant, en 2012, on dénombrait 64 communes de plus de 3 500 habitants équipées de machines à voter. Plus de 1,5 million d’électeurs sont concernés par des machines, ce qui n’est pas anodin à l’échelle du corps électoral. Un doute pourrait apparaître en cas de vote très serré entre les candidats. Il faut toutefois noter qu’un moratoire est en place depuis 2007 qui bloque toute nouvelle installation de machine à voter.

« Il ne peut être exclu que des opérations de même nature que celles observées aux États-Unis cherchent à perturber le processus électoral français », avait prévenu Jean-Yves Le Drian début janvier. « J’appelle donc chacun à la plus grande vigilance », avait ajouté le ministre de la défense, tout en se montrant rassurant sur la fiabilité du processus électoral français.

Il ne peut être exclu que des opérations cherchent à perturber le processus électoral

Soulignant le travail de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, il avait noté que « les analyses […] n’ont pas permis à ce jour d’identifier des indices d’opérations de déstabilisation ciblant les élections en France  ». Par ailleurs, l’Anssi avait pris contact au mois d’octobre avec les principaux partis politiques pour les sensibiliser, en leur prodiguant notamment des conseils d’hygiène informatique.

L’élection présidentielle française est l’un des trois grands scrutins qui doit avoir lieu en Europe cette année. En mars, les Néerlandais seront appelés aux urnes pour choisir leurs députés. En septembre, ce sera au tour des Allemands de se déplacer dans les bureaux de vote dans le cadre des élections fédérales. Et dans ces pays comme ailleurs, on prend ces menaces très au sérieux.

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