Au risque d'agacer les tenants d'un droit d'auteur privatif, toujours prompts à réclamer l'empilement de lois toutes plus répressives les unes que les autres, les réseaux peer-to-peer ne servent pas qu'à échanger des contenus illicites. S'ils sont aussi utilisés par des internautes pour pirater, les clients P2P donnent surtout accès à une kyrielle de contenus légaux.
Le dernier exemple en date vient d'Internet Archive, une organisation à but non lucratif dédiée à l'archivage du web. Dans un billet de blog publié mardi, les équipes du projet ont annoncé la diffusion légale de plus de 1,3 million de fichiers sur BitTorrent. Dans le détail, il y a 1 225 491 livres, 127 383 fichiers sonores et 9 674 films disponibles. Et dans le cas où le lien BitTorrent est absent, il reste le téléchargement direct (HTTP).
À la différence d'autres portails de liens BitTorrent, le projet d'Internet Archive ne risque pas de mettre les internautes en indélicatesse avec les ayants droit. Les oeuvres listées sont issues du domaine public ou couvertes par une licence de libre diffusion (comme par exemple le contrat Creative Commons attribution – pas d'utilisation commerciale).
Sur un plan technique, le choix de BitTorrent est une excellente chose. L'utilisateur n'est plus dépendant d'une seule source : il peut récupérer le fichier depuis plusieurs emplacements, grâce à son client P2P. Il peut également suspendre le téléchargement et le reprendre ultérieurement. Et plus le fichier est partagé par les internautes, plus celui-ci pourra être récupéré rapidement.
Financièrement, c'est aussi une bonne opération : les protocoles de transfert de données comme BitTorrent permettent en effet de faire circuler des contenus à des coûts dérisoires, puisque la charge est répartie entre les utilisateurs. Ce n'est pas un seul et unique serveur qui est sollicité, mais tout le réseau, puisque le téléchargement s'effectue simultanément via diverses sources.
La décision d'Internet Archive de miser sur BitTorrent donne également un argument supplémentaire pour défendre la légitimité des réseaux P2P. Pour John Gilmore, fondateur de l'Electronic Frontier Foundation, c'est la démonstration que les échanges sur le réseau servent aussi à préserver et échanger le patrimoine culturel de l'humanité. En toute légalité.
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