Pour gérer les multiples violations du droit d'auteur auquel il doit faire face sur YouTube, Google a choisi d'adopter un système de présomption de culpabilité à l'égard des internautes. Il suffit que des tiers accusent un utilisateur de violer des droits pour que ses vidéos soient retirées de façon préventive, sans avoir attendu les arguments de la défense. C'est ainsi que de façon spectaculaire, la NASA s'est vue sanctionnée pour avoir diffusé ses propres images.
Ce système est déjà fortement critiquable en soit, tant il est générateur d'abus et d'erreurs qui lèsent la liberté d'expression, mais il est en plus la source de manipulations visant à obtenir l'identité d'internautes anonymes.
Une blogueuse canadienne qui souhaite écrire sur son blog sans révéler au monde entier son identité, girlwriteswhat, raconte ainsi qu'elle a été accusée par deux personnes d'avoir enfreint des droits d'auteur en publiant des vidéos sur YouTube. Une accusation ridicule puisque sur les vidéos en question, la blogueuse est face caméra et ne fait que parler des sujets qui l'intéressent. YouTube a supprimé les vidéos en question, en attendant que la blogueuse réponde aux accusations.
Or c'est là que le bât blesse. Pour répondre aux accusations et se défendre d'avoir violé des droits d'auteur, la blogueuse doit accepter que son identité soit révélée à ceux qui l'accusent. "Une fois la notification de contestation reçue, nous la transférons à la partie ayant déposé la réclamation pour atteinte aux droits d'auteur. Nous vous rappelons que vos informations personnelles sont communiquées à cette occasion", rappelle en effet YouTube. "En soumettant une notification de contestation, vous consentez à la divulgation de ces informations", qui peuvent comprendre le nom, le numéro de téléphone ou encore l'adresse postale du défendeur.
Le blogueur anonyme n'a donc que deux solutions : renoncer à ses vidéos hébergées sur YouTube (qui de toute façon semble se diriger vers la fin de l'anonymat), ou renoncer à son anonymat pour se défendre des fausses accusations. Or selon elle, c'est bien pour avoir son identité et la harceler que les accusations ont été portées, sans fondement.
La personne qui demande le retrait d'une vidéo est certes prévenue par Google qu'elle risque "peut-être des poursuites en cas d'allégation de mauvaise foi concernant des infractions aux droits d'auteur dans le cadre de ce processus", mais Google se contente d'une signature scannée pour établir l'identité de l'accusant. Il est donc simple de créer une fausse adresse e-mail et une fausse identité avec une fausse signature, uniquement pour recevoir l'identité de la personne accusée.
Sur son blog, girlwriteswhat a menacé de porter plainte contre YouTube "pour leur processus automatisé irresponsable de notification d'atteinte aux droits d'auteur, qui expose des personnes comme moi au risque d'un harcèlement dans la vie réelle". Elle reconnaît que son nom devra alors être publié, "mais au moins ça vaudra le coup". Dans une mise à jour, elle indique cependant que ses vidéos sont revenues en ligne, après que les accusations ont été retirées.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !