Mise à jour : le gouvernement a quasi explicitement confirmé notre analyse, en demandant ce mardi un rapprochement du CSA et de l'Arcep en coordination avec la mission Lescure.
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Cela fait très exactement trois mois que l'ancien patron de Canal+ Pierre Lescure a été désigné par le gouvernement, à la demande de François Hollande, pour prendre la tête d'une mission de réflexion sur l'avenir de la loi Hadopi. Mais sa lettre de mission n'a toujours pas été rendue publique. L'homme enchaîne depuis les discussions informelles, y compris avec des représentants de la Quadrature du Net, sans que le cadre précis de sa mission ait été officialisé. Il devrait l'être cette semaine. Enfin.
En attendant, Pierre Lescure accentue sa présence dans les médias, où il ne rate jamais l'occasion de rappeler son attachement aux fondamentaux de l'Hadopi (dont il juge la réponse répressive incontournable). Il veut aussi faire croire, ce qui attend d'être démontré, que le fruit de sa mission sera beaucoup plus ambitieux, et exigeant y compris à l'égard des ayants droit.
"Hadopi a des vertus de principe", a-t-il une nouvelle fois rappelé ce mardi midi, sur RMC. "On ne peut pas tout consommer gratuit. Mais il y a internet, et c'est aussi fort que Guttenberg et l'invention de l'imprimerie". Il faudra donc, promet-il, que les producteurs de contenus acceptent de faire des efforts réels pour améliorer l'offre légale qui, par exemple pour la VOD, pourrait être "dix fois mieux".
"La commission commence la semaine prochaine. Je suis prêt à un débat même violent, vachement contradictoire, et j'en prendrai sûrement un peu sur la tête", a prévenu Pierre Lescure. Il a réfuté toute idée de vouloir défendre les producteurs et diffuseurs de contenus, dont il est historiquement très proche, en estimant que ce serait là une erreur fatale.
Mais quelles contreparties obtiendront les ayants droit, en échange de leurs éventuels efforts ?
Le risque le plus grand, selon nous, est de voir Pierre Lescure servir de cheval de Troie au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA).
Favorable au filtrage, le CSA est dans un combat fratricide avec l'Hadopi, qui s'y oppose. La vieille institution de régulation des médias audiovisuels a modifié sa doctrine depuis de nombreux mois, pour prétendre ne plus être le régulateur de la télévision, mais le régulateur du téléviseur. Parce qu'il se sent menacé par l'évolution des technologies, le CSA veut réguler Internet au nom de la télévision connectée. Le syllogisme est simple : puisque le CSA doit réguler tout ce qui est accessible sur un téléviseur, et que les téléviseurs connectés donnent accès aux contenus disponibles sur Internet, le CSA doit réguler Internet. Ce qui passe par un abandon de la neutralité du net, et l'obligation de mettre en place le filtrage des contenus. Y compris le blocage des contenus piratés, ou des sites qui les diffusent.
Or Pierre Lescure a justement évoqué mercredi le prétendu "danger" des téléviseurs connectés, sur RMC. "Avec la TV connectée, le piratage sera inarrêtable", a-t-il insisté (comme si le piratage était aujourd'hui arrêtable). Et le temps presse, puisque selon lui, les TV connectées seront "LE cadeau du Noël 2013".
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