Microsoft doit faire davantage d’efforts pour rendre Windows 10 moins indiscret. Tel est le message que vient de faire passer l’Union européenne à l’entreprise américaine dans un courrier daté du 15 février et signé par Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Au nom du G29, un organe consultatif indépendant se consacrant à la protection des données et de la vie privée en Europe, il est demandé à Microsoft de « clairement expliquer quelles sortes de données personnelles sont traitées et à quelles fins. Sans cette information, le consentement ne peut pas être éclairé et, par conséquent, être valide », lit-on dans la missive.
Un consentement doit être éclairé pour qu’il soit valide
Si le regroupement des autorités de protection européennes « apprécie la volonté de coopérer » de la firme de Redmond, il considère que les actions prises jusqu’à présent par le géant des logiciels ne suffisent pas à dissiper totalement ses préoccupations quant au niveau de protection des données personnelles des utilisateurs. Le manque de clarté est notamment souligné par le G29.
La lettre fait ainsi remarquer à Microsoft « qu’il n’est pas précisé dans quelle mesure les nouveaux usagers et ceux qui existent déjà seront informés à propos des données exactes qui sont collectées et analysées à travers chaque fonctionnalité ». En somme, la société est priée de revoir sa copie pour mieux satisfaire les exigences de la législation européenne.
En janvier, Microsoft a pourtant présenté une série de mesures dont le déploiement surviendra à la prochaine version de Windows 10, avec une simplification de la mise en route de l’OS, dont un paramétrage des réglages relatifs à la vie privée simplifié et raccourci, ou encore un site web permettant de consulter les données que la firme de Redmond sait de vous et les effacer, si cela s’avère nécessaire.
En dehors de l’Union, ces modifications ont été accueillies avec satisfaction par le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence. Son enquête avait pointé du doigt que les paramètres à l’initialisation de Windows 10 étaient opaques et complexes à régler. Or, les nouvelles options proposées par Microsoft sont tout à fait suffisantes et lui ont donc permis de mettre un terme à son investigation.
Inquiétudes en France
En France, sur la base de contrôles effectués en avril et juin 2016, et après avoir reçu les réponses de la firme de Redmond, la Cnil a constaté en juillet 2016 « de nombreux manquements » à la loi informatique et libertés commis par Microsoft. Détaillant ses griefs, l’autorité administrative, qui s’était fendue d’un guide éducatif expliquant le paramétrage de Windows 10, avait alors donné 3 mois à l’entreprise pour corriger le tir.
Sur le plan politique, le Front National était monté au créneau en adressant de vives critiques contre Windows 10. Dans une lettre ouverte, Marine Le Pen était allée jusqu’à dénoncer « l’espionnage généralisé des citoyens que Microsoft s’apprête à mettre en place avec la sortie de son nouveau système d’exploitation », en grossissant le trait sur la portée réelle des pratiques et des intentions de Microsoft.
Au moment de sa sortie, Windows 10 avait provoqué une importante vague d’inquiétude chez de nombreux usagers.
En effet, il est apparu que la procédure d’installation de Windows 10 n’éclaire pas bien l’utilisateur sur la portée des réglages par défaut, lesquels permettent à Microsoft d’obtenir un grand nombre d’informations sur l’utilisateur et de les exploiter à des fins publicitaires. Quant à la lecture de la nouvelle Déclaration de Confidentialité de Microsoft, elle a aussi suscité une vive préoccupation.
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