Combien a coûté l’outil d’extraction et de décodage que le FBI a acheté pour accéder au contenu d’un iPhone 5c chiffré et verrouillé, utilisé lors de la fusillade de San Bernardino ? C’est à cette question que plusieurs médias américains essaient en vain d’obtenir une réponse ; depuis des mois, la police fédérale refuse de délivrer cette information. Aussi ont-ils décidé de porter l’affaire en justice pour forcer le FBI à révéler la note.
Dans leur requête, les trois médias — Associated Press, Vice Media et la maison-mère d’USA Today, Gannett — considèrent que le FBI n’a avancé « aucune justification adéquate » pour garder secret ce montant. Au cœur de leur action se trouve la Freedom of Information Act, une loi qui oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents à quiconque en fait la demande, au nom de la liberté d’information.
À l’heure actuelle, le seul indice sur le prix de l’outil utilisé par le FBI a été donné par son directeur, James Comey, lors de conférence sur la sécurité Aspen Security Forum qui a eu lieu à Londres en avril dernier. Ce serait au minimum 1,3 million de dollars, puisque James Comey a indiqué que le montant était supérieur « à que ce que je vais gagner jusqu’à la fin de ce poste, dans sept ans et quatre mois ».
Le salaire du patron du FBI étant évidemment public, il a été facile de retrouver ce qu’il gagne (14 900 dollars par mois) et d’évaluer le montant des sommes perçues d’ici la fin de sa carrière. « De mon point de vue, ça valait le coût », avait-t-il pris soin de souligner. Et c’est à une firme israélienne, Cellebrite, que l’achat de l’outil aurait été effectué, ce qui a permis au FBI de ne plus requérir l’aide d’Apple.
1,3 million de dollars au minimum
L’identité du fournisseur de l’outil n’a pas non plus été confirmée officiellement par le FBI. « Le FBI est très bon pour garder des secrets et les gens à qui nous l’avons acheté, je les connais bien et j’ai grande confiance sur le fait qu’ils sont très bons pour le protéger et que leurs motivations s’alignent avec les nôtres », avait indiqué James Comey lors d’une réunion publique au Kenyon College de l’Ohio.
La preuve : après le nom de Cellebrite, le Washington Post a indiqué que ce ne serait pas à la société israélienne que le FBI aurait acheté une solution permettant de contourner la sécurité des iPhone 5c mais à des hackers indépendants qui revendent des failles aux autorités.
Accéder au contenu d’un iPhone chiffré
En revanche, la police fédérale a fait comprendre qu’après les tests réalisés avec d’autres iPhone, elle aura bien désormais les moyens de déverrouiller d’autres modèles pour accéder au contenu chiffré. D’autant que d’autres méthodes pour contourner les protections de l’iPhone ont été mises en lumière dans le sillage de l’affaire de la fusillade de San Bernardino.
En l’espèce, le FBI cherchait une façon de contourner le code de verrouillage de l’iPhone 5c chiffré en prenant garde à ne pas accumuler les essais : en effet, au bout de dix tentatives erronées, le smartphone était configuré de telle manière que toutes ses données étaient effacées automatiquement. Or, les enquêteurs tenaient à pouvoir y accéder pour en savoir plus sur son propriétaire.
La fusillade de San Bernardino est survenue en décembre 2015. Syed Rizwan Farook et Tashfeen Malik, deux personnes qui ont fait allégeance à l’Etat islamique, en sont à l’origine : Ils ont eu le temps de tuer 14 personnes et d’en blesser 23 autres en Californie avant d’être abattus.
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