Avec la précision croissante de l'imagerie satellite, les services de visualisation du globe proposent aujourd'hui des clichés d'une très grande qualité. Au-dessus de certaines villes, il est même possible de distinguer très nettement les bâtiments et même les véhicules. Or, cette très grande qualité d'image inquiète un député UMP, qui s'interroge sur les effets que peut avoir les photographies aériennes sur la vie privée.
Dans une question écrite adressée au ministre de l'intérieur, Philippe Meunier cite le cas de Google Maps. "Certaines personnes découvrent sur ce site des photos aériennes très précises de leur maison. Ces prises de vues, faites sans l'accord des propriétaires, sont vécues comme une atteinte à la vie privée et posent des problèmes de sécurité".
Selon lui, les photographies aériennes de certains bâtiments peuvent en effet donner une idée du niveau de vie supposé de leurs occupants. D'autres détails peuvent également être une source d'information, comme la taille du jardin (voire du domaine) ou la présence de certaines infrastructures, comme une piscine. Cela pourrait inciter les cambrioleurs à choisir leurs cibles avec plus d'efficacité.
Que faire ? Philippe Meunier avance le principe d'un accord préalable des propriétaires "pour toute photographie aérienne de demeure privée". Cette demande n'est pas sans rappeler celle de Jean-Christophe Lagarde en 2009. À l'époque, le député avait déposé une proposition de loi visant à obliger Google à recueillir le feu vert des habitants avant de mettre les clichés de Street View en ligne.
Si Google Maps est le seul service cité dans la question écrite de Philippe Meunier, le problème soulevé par l'élu concerne de nombreuses autres plates-formes : c'est le cas de Bing Cartes (Microsoft), l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), Mappy et compagnie. C'est toute la cartographie en ligne qui serait alors chamboulée.
La suggestion de Philippe Meunier est-elle envisageable ? La seule solution qui semble a priori possible sans affecter durablement le service de Google repose sur un système d'opt-out. Les propriétaires ne souhaitant pas que leur bâtiment soit visible à partir d'une certaine précision pourraient décocher leur participation tacite à Google Maps, ce qui entraînerait alors le floutage de leur domicile.
Mais là encore, comment être sûr que l'internaute qui veut flouter un bâtiment est bien son propriétaire ? Faudra-t-il en passer par une identification du terrain par le numéro de parcelle sur le cadastre et démontrer ainsi la légitimité de la demande ? Le processus promet d'être fastidieux. En réalité, un tel système ne devrait voir le jour que pour les cas extrêmes.
Certains services de cartographie n'ont d'ailleurs pas attendu la question de Philippe Meunier pour satisfaire certaines exigences. Comme le rappelle cet article de Libération, des installations militaires sensibles (comme la base des sous-marins nucléaires de l'île Longue) ou des résidences de personnalités bénéficient d'un filtre plus ou moins prononcé. Mais tous ne jouent pas forcément le jeu.
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