La perspective de taxer Google au bénéfice des médias aiguise les appétits. Alors que les éditeurs de presse planchent sur la faisabilité d'une loi permettant de taxer les liens hypertextes ou les résumés d'articles lorsque ceux-ci sont diffusés sur des sites dédiés à l'agrégation d'actualités, la ministre de la culture a manifesté son intérêt pour un tel projet, jugeant qu'il "serait normal" que Google soutienne le journalisme.
Google gère 90 % de la recherche en ligne en France
Convaincus qu'il ne faut surtout pas laisser un tel sujet tomber dans l'oubli, les éditeurs de presse sont revenus à la charge lundi dans une interview au Figaro, avec Marc Feuillée (président du Syndicat de la presse quotidienne nationale), Francis Morel (vice-président du Syndicat de la presse quotidienne nationale), Nathalie Collin (présidente de l'Association de la presse d'information politique et générale) à la manœuvre.
Défendant notamment les intérêts du Figaro, des Échos et du Nouvel Observateur, les trois interviewés ont reconnu que Google était leur principale cible dans la mesure où l'entreprise américaine dispose de la plus grosse part de marché dans la recherche en ligne en France. Selon les données d'AT Internet pour juillet, Google gère 89,8 % des requêtes. Bing arrive en deuxième position, avec 3,1 %.
Google accusé de ponctionner gratuitement le contenu de la presse
"Aujourd'hui, Google a le quasi-monopole de la recherche sur Internet, […] Et il utilise ce monopole pour capter la quasi-totalité du marché de la publicité des liens sponsorisés, le seul qui soit encore en croissance. Pire, il utilise sa position pour s'attaquer au marché de la publicité par bannières, le seul sur lequel les éditeurs de presse peuvent monétiser leurs audiences", a déploré Francis Morel.
"Il faut savoir que Google est aujourd'hui l'une des premières régies publicitaires en France, avec plus d'un milliard d'euros de recettes. Mais il ne déclare que 41 millions d'euros de chiffre d'affaires en France ! Il est inadmissible que Google utilise nos articles gratuitement pour ponctionner le marché publicitaire français sans rémunérer les créateurs de contenus !", a-t-il continué.
Une loi néfaste qui limitera l'accès à l'information, selon Google
Google, bien entendu, n'a pas du tout la même lecture que les éditeurs de presse. Interrogé par l'AFP, le moteur de recherche estime que personne ne sera gagnant avec une telle loi : ni les internautes, ni l'écosystème du net, ni les éditeurs de presse "qui bénéficient d'un trafic substantiel envoyé par le site Google Actualités ainsi que part le moteur de recherche", rappelle l'entreprise.
Le géant de Mountain View s'alarme même de la nocivité d'un tel texte. Si celui-ci entrait en vigueur tel quel, il "aboutirait à limiter l'accès à l'information ainsi qu'à freiner l'innovation, facteur pourtant clé pour les éditeurs de presse pour toucher de nouvelles audiences et bénéficier de nouvelles opportunités de revenus en ligne", développe la firme.
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