L'éruption de colère ne faiblit pas dans le monde musulman, quatre jours après la médiatisation du film l'Innocence des musulmans. Les manifestations antiaméricaines se multiplient un peu partout pour dénoncer le blasphème contre Mahomet. Si les réactions les plus vives se sont déroulées au Maghreb et au Moyen-Orient, des attroupements ont aussi été constatés en Asie ou en Afrique.
Dans cette affaire, les États-Unis n'ont pratiquement pas de marge de manœuvre. Il leur faut à la fois rappeler et défendre le principe constitutionnel de la liberté d'expression, même lorsque celle-ci est utilisée à des fins contestables et contestées, tout en expliquant comprendre l'émoi qu'un tel long-métrage a pu susciter au sein de la communauté musulmane, très sensible dès qu'il s'agit d'islam.
L'administration Obama n'a en effet aucune envie d'attiser le mécontentement des musulmans, principalement parce qu'elle a d'autres chats à fouetter en matière de politique étrangère. Il y a l'héritage du printemps arabe à faire fructifier, le cas syrien qui n'en finit pas d'émouvoir l'opinion occidentale, le programme nucléaire iranien, préparer le désengagement d'Afghanistan ou encore gérer l'allié pakistanais.
C'est donc la carte de l'apaisement que la Maison-Blanche cherche à jouer. C'est d'ailleurs ce qui transparaît du discours de Hillary Clinton. Si celle-ci a évidemment condamné les attaques contre les représentations diplomatiques américaines en Égypte et en Libye, elle a noté que des Libyens ont cherché à contenir leurs concitoyens les plus virulents, à défendre les bâtiments et tenté d'évacuer l'ambassadeur à l'hôpital.
La Maison-Blanche met la pression sur YouTube
Il n'est donc guère surprenant d'apprendre que les autorités américaines ont demandé à YouTube de bien examiner les extraits de l'Innocence des musulmans publiés sur sa plate-forme pour bien s'assurer qu'ils respectent les conditions d'utilisation du site. Une requête pas du tout innocente : sans le dire, la Maison-Blanche aimerait bien que YouTube constate une violation de son règlement retire ces contenus.
"Nous avons contacté YouTube pour porter la vidéo à leur attention et leur demander de déterminer si elle violait leurs conditions d'utilisation" a expliqué Tommy Vietor à l'AFP. Le porte-parole du conseil de sécurité nationale a rappelé que si "protéger la liberté d'expression, même pour les paroles choquantes, constitue un principe fondamental de notre démocratie", il y a parfois des restrictions.
"Mais nous pouvons quand même dénoncer et condamner ce que nous trouvons choquant. Et nous avons été clairs sur ce point dans le monde entier, ainsi qu'ici aux États-Unis", a-t-il continué, toujours avec souci de manifester leur compréhension à l'égard des musulmans, heurtés par ce brûlot anti-islam. Pas sûr, toutefois, que ces signes d'apaisement soient perçus par les manifestants, ivres de colère.
Si le retrait de la vidéo paraît hautement improbable, YouTube n'ayant jusqu'à présent pas estimé que celle-ci enfreignait ses conditions d'utilisation, la plate-forme vidéo ne reste pas inactive. Elle a en particulier pris la décision de restreindre l'accès des internautes en provenance d’Égypte et de Libye pour qu'ils ne tombent pas sur le long-métrage. Dans d'autres pays, c'est le pouvoir qui a pris cette décision.
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