Tandis qu’internautes chinois et japonais s’opposent en ligne sur la souveraineté des îles Senkaku (ou Diaoyu), la crise entre le Japon et la Chine a depuis bien longtemps débordé du net. Alors que certains jettent de l’huile sur le feu en attisant la fibre nationaliste de la population, les deux pays haussent le ton et font dans la surenchère militaire.

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Le conflit larvé entre la Chine et le Japon va-t-il basculer dans un véritable conflit ? Alors que les nationalistes japonais et chinois s’en donnent à cœur-joie depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux, aidés en cela par les médias locaux et certaines initiatives comme celle de Baidu, géant chinois de la recherche, les deux superpuissances asiatiques se sont crispées un peu plus ces derniers jours.

La raison ? Les deux pays se disputent la souveraineté des îles Senkaku. Et dans ce bras de fer, les deux pays sont poussés en interne par les nationalistes. En Chine, Baidu a même été mis à contribution en affichant un tout nouveau logo. Au lieu de la traditionnelle empreinte de patte de chien, le moteur de recherche affiche une île sur laquelle un drapeau chinois est planté. Difficile de faire plus clair comme message.

Jusqu’ici très virtuel, l’affrontement déborde désormais dans le réel. Ces dernières heures, la Chine est montée d’un cran dans la mise en garde en envoyant une flottille de onze navires gouvernementaux à proximité des îles Senkaku, sans pour autant pénétrer leurs eaux territoriales. Une différence qui a son importance, Pékin ne voulant pas se retrouver dans la posture de celui qui aura fait la provocation de trop. En tout cas pour l’instant.

Une semaine auparavant, la Chine a conduit d’importants exercices militaires en mer de Chine orientale. L’occasion de montrer ses muscles en déployant quelques destroyers, des sous-marins et des avions de combat dans un contexte de grande tension avec son voisin insulaire, qui dispose lui aussi d’une force militaire très importante malgré sa Constitution très particulière lui interdisant de faire la guerre.

Aux yeux des autres pays et en particulier des États-Unis, le risque d’un conflit militaire – même limité – entre les deux pays n’a rien de virtuel. Les USA multiplient les contacts avec Pékin et Tokyo pour calmer le jeu. D’ailleurs, le  secrétaire américain à la défense, Leon Panetta, s’est rendu dans les deux capitales pour voir de quelle façon la crise peut être dénouée autrement que par les armes.

L’intervention des USA n’est pas étonnante, du fait de leur rôle de gendarme du monde mais aussi parce que le gouvernement américain n’a pas envie d’être entraîné dans une éventuelle guerre à cause du traité politico-militaire signé avec le Japon. Et quand bien même, peut-on imaginer que les USA vont vraiment intervenir militairement contre la Chine pour des îles inhabitées et dont la souveraineté est sujet à discussion ?

Il existe un précédent, même si des différences notables existent. Lors de la troisième crise du détroit de Taïwan en 1996, les États-Unis avaient envoyé deux groupes aéronavals autour de deux portes-avions naviguer dans le détroit de Formose séparant la Chine de Taïwan. Si l’escalade militaire a su s’arrêter à temps, les USA étaient manifestement prêts à respecter le traité de défense mutuelle signé avec l’île.

Mais la Chine de 1996 n’est plus tout à fait celle de 2012. Et cela vaut aussi pour son armée.

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