La Commission Européenne a fait de la robotique l’un de ses chevaux de bataille pour la relance de la croissance, et veut y mettre le maximum de moyens. Bruxelles a ainsi annoncé mardi la signature d’un protocole d’accord visant à mettre en place en 2013 un partenariat public-privé (PPP), avec des représentants de constructeurs européens, et des instituts de recherche.
Le PPP doit « aider les sociétés implantées en Europe à augmenter leur part du marché mondial de la robotique, estimé à 15,5 milliards d’euros par an« , explique la Commission. Elle rappelle que le secteur européen « représente environ un quart de la production mondiale dans le domaine de la robotique industrielle et 50 % des parts de marché de la robotique de services professionnelle. Les marchés de la robotique de services domestique et professionnelle devraient connaître une croissance de 40 % dans les années à venir, les progressions les plus spectaculaires étant attendues sur les segments de la robotique de sauvetage et des applications de sécurité et de nettoyage« .
En principe, les PPP doivent permettre de déléguer à des entreprises privées le financement et la gestion d’équipements ou de services contribuant à un service public, moyennant des concessions sur l’exploitation dudit service. Dans son communiqué, la Commission européenne n’a pas explicité quels seraient les services publics robotisés qui pourraient justifier le recours à un PPP, mais elle a fait savoir qu’il visera notamment à « fournir des produits et services robotiques qui contribueront à répondre aux défis sociétaux auxquels l’Europe est confrontée« . Il pourrait donc s’agir, par exemple, de robots de surveillance et d’assistance pour les personnes âgées (leur permettant de rester chez elles tout en étant accompagnées, à distance, par un personnel qualifié), utiles face au vieillissement de la population :
https://youtube.com/watch?v=UKVkQYgXaZs%3Frel%3D0
La Commission doit cependant faire un long travail de pédagogie, face aux réticences des Européens. Car si Bruxelles rappelle que 70 % des Européens ont une opinion positive des robots, elle oublie de rappeler qu’ils craignent aussi majoritairement que les robots ne leur « volent » des emplois. C’est particulièrement vrai en France, l’un des pays les plus pessimistes de l’Union, où 74 % des Français associent la robotique au chômage.
Consciente malgré tout des réticences, Bruxelles se veut rassurante en affirmant que « pour un million de robots industriels construits et installés, ce sont trois millions d’emplois qui ont été créés ou préservés dans le monde« . Mais elle tire ce chiffre de la Fédération Internationale de Robotique, ce qui trahit encore une fâcheuse tendance de la Commission à prendre les études des lobbys pour argent comptant (il nous faut rappeler qu’à Numerama, nous pensons que le remplacement des travaux répétitifs par les robots est plutôt une bonne chose à long terme, si tant est que la société soit capable de tirer profit de cette robotisation au profit de l’épanouissement humain).
« L’existence d’un solide secteur de la robotique est essentielle pour la compétitivité future de l’Europe« , défend la commissaire européen Neelie Kroes, en charge des questions numériques. « En le développant, nous allons créer des emplois et renforcer l’industrie manufacturière européenne« .
La Commission Européenne estime que d’ici 8 ans, le seul marché de la robotique de services pourraient représenter un marché de plus de 100 milliards d’euros par an.
(illustration : Humanoïdes.fr)
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