Dans une question écrite adressée à Christiane Taubira, un député socialiste souhaite que la législation punisse plus sévèrement le racisme diffusé sur Internet.

Loin d'être des tares, l'anonymat et le pseudonymat sont des outils utiles et précieux pour la liberté d'expression. Ils permettent de libérer la parole sur des sujets délicats à aborder sous sa véritable identité, en particulier lorsque cela concerne l'internaute au premier chef : maladie, drogue, politique, situation professionnelle… ce ne sont pas les exemples qui manquent.

D'autres considèrent en revanche que le fait de publier des commentaires sous son vrai nom aura un effet bénéfique sur la qualité générale de la discussion. En obligeant les internautes à se montrer sous leur véritable identité, ces derniers y réfléchiront à deux fois avant de se montrer agressifs, grossiers voire franchement insultants. C'est le cas de Facebook, qui souhaite civiliser les réactions des internautes.

C'est dans ce contexte qu'apparaissent parfois des commentaires à caractère raciste. Persuadés de ne pas être identifiables, certains internautes déversent leur haine dès qu'ils le peuvent, aussi bien sur les réseaux sociaux, que sur les sites communautaires ou les sites de presse. C'est ce phénomène que souhaite aujourd'hui enrayer le député PS Florent Boudié, en réclamant un durcissement de la législation.

Renforcer la pénalisation du racisme diffusé par Internet

"Si la libre communication des pensées et des opinions demeure […] un des droits les plus précieux de l'homme, elle ne saurait justifier la timidité des pouvoirs publics devant la multiplication et la banalisation des incitations à la haine de l'autre et au rejet des différences dont internet regorge 24h sur 24h", écrit-il dans une question écrite adressée aux services de Christiane Taubira.

Citant plusieurs faits divers impliquant l'islam, le parlementaire constate que "chacun de ces faits a donné lieu à un déferlement, sur internet, de commentaires d'une très grande violence dont la nature raciste et xénophobe ne fait aucun doute". Or, estime-t-il, la pédagogie seule ne suffit pas. "Il importe toutefois d'engager des actions fermes et sévères pour renforcer la pénalisation du racisme diffusé par Internet".

Florent Boudié souhaite que le ministère de la justice et plus globalement le gouvernement s'engagent efficacement contre la "propagation et la banalisation des écrits racistes et xénophobes diffusés massivement par le biais d'Internet". Il demande également que "des dispositions soient engagées pour contrer cette grave dérive et en sanctionner les auteurs".

SOS Racisme pointe le problème des sites étrangers

La semaine dernière, la présidente de SOS Racisme Cindy Léoni avait expliqué au micro d'Europe 1 vouloir "obtenir un certain nombre d'engagements" de la part des hébergeurs, "puisque c'est un travail de fourmis" de faire remonter les signalements de contenus illicites. "C'est titanesque comme travail, et nous avons besoin d'un cadre juridique, encore que la législation ne va pas résoudre l'ensemble du problème".

Sans évoquer explicitement le filtrage des contenus, l'interview a toutefois donné en filigrane le sentiment que cette piste n'était pas complètement écartée. "Les gens utilisent ce vide qui existe à l'heure actuelle", a reconnu Cindy Léoni. "On a des sites d'extrême droite qui seraient normalement condamnés, mais qui par la voie de l'hébergement à l'étranger échappent à tout contrôle", a-t-elle ajouté.

Mais cette piste n'est pas celle que préconise  l'actuelle présidente de la CNIL, Isabelle Falque-Pierrotin. À l'origine d'un rapport sur le racisme sur Internet, elle écrivait en 2010 que "le filtrage n'est pas un remède à généraliser". Toutefois, il ajoutait que "les opérateurs devraient être encouragés à utiliser leurs outils de lutte anti-contrefaçon à base de fingerprinting pour éviter la réapparition des contenus racistes et antisémites supprimés à la suite des signalements faits par les internautes usagers de la plate-forme".

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