L'été dernier, le Royaume-Uni a lancé une initiative destinée à autoriser le public à participer à l'examen des demandes de brevets, avant leur délivrance par l'administration. L'objectif de la démarche est double : d'une part augmenter la qualité générale des titres de propriété intellectuelle octroyés, d'autre part limiter les coûts induits par le très fort accroissement des demandes de brevets ces dernières années.
Bien qu'expérimental, le projet Peer to Patent a permis aux internautes britanniques de participer à l'analyse de 172 brevets. Ils ont pu ainsi soumettre des commentaires et apporter des documents, qui ont ensuite été vérifiés par des professionnels du Bureau britannique de la propriété intellectuelle. Le but ? Faciliter le travail des experts chargés de vérifier qu'une invention dont l'inventeur demande l'exclusivité est bien nouvelle.
AskPatents.com
L'initiative Peer to Patent n'est pas exclusive au Royaume-Uni. Il en existe aux USA, au Japon et en Corée du Sud. Mais les États-Unis se distinguent particulièrement sur ce terrain, puisque un site web collaboratif baptisé AskPatents.com a vu le jour et propose lui aussi de détecter et éjecter les demandes illégitimes de brevets, en mobilisant les internautes volontaires à cette afin.
Selon le blog de Stack Exchange, la participation du public à l'examen du public est soutenue par le Bureau américain des brevets et des marques de commerce (USPTO) et l'équipe en charge du moteur de recherche Google Brevets. Et tout comme Peer to Patent, l'objectif est d'éviter d'attribuer par erreur des brevets pour des inventions, des technologies ou des procédures qui ne sont pas originales.
À travers AskPatents, les participants peuvent poser des questions sur les brevets, le droit applicable et formuler des remarques diverses. Les autres peuvent alors répondre et utiliser un système de vote interne qui permet de faire monter ou descendre les interventions des uns et des autres. Et si le projet ne mettra pas fin d'un coup à la guerre des brevets et aux patents trolls, Stack Exchange estime que c'est un bon début.
L'excès de brevets tue le brevet
Peer to Patents et AskPatents sont deux projets nés suite aux recherches d'une enseignante de droit américain, Beth Novech, de l'école de droit de New York. Elle cherchait alors une solution pour freiner la prolifération des brevets octroyés trop rapidement par les différents organismes nationaux (USPTO aux USA, INPI en France…) et qui conduisent à des situations aberrantes.
La dérive du système est aujourd'hui flagrante, puisque le nombre annuel de demandes de brevets est aujourd'hui autour des deux millions, contre un million dans les années 90. Ce nombre a doublé en a peine quinze ans, sans que les effectifs et les moyens des organismes de contrôle ne suivent. Impossible pour eux de vérifier toutes les requêtes dans les temps impartis.
L'Office européen des brevets avait alors tiré la sonnette d'alarme par une grève pour dénoncer cette augmentation continue. Les grévistes avaient en particulier dénoncé au cours de leur action un système d'octroi aveugle qui en plus peut avoir des effets pervers sur l'économie. Chaque brevet obtenu a un effet dissuasif sur la concurrence, pourtant tentée d'investir dans le même secteur.
En France, aucune initiative de ce type n'a encore vu le jour. C'est même une trajectoire inverse qui est prise avec le projet France Brevets.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !