En recrutant Julien Dourgnon comme conseiller en charge des industries culturelles et du numérique, Arnaud Montebourg s’entoure d’un ancien défenseur farouche de la licence globale.

Selon la Correspondance de la presse, dont l’information est rapportée par PC Inpact, Julien Dourgnon a rejoint le cabinet du ministre de l’industrie Arnaud Montebourg, en qualité de conseiller politique « en charge les industries culturelles et numériques« . Il aura donc un rôle charnière entre le cabinet de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, et celui de la ministre déléguée à l’économie numérique, Fleur Pellerin, elle-même rattachée au ministère d’Arnaud Montebourg.

Or, Julien Dourgnon n’est pas une personnalité inconnue, pour qui suit depuis longtemps l’actualité parlementaire liée aux nouvelles technologies et aux questions de droits d’auteur. Lorsqu’il était encore le directeur des études de l’UFC-Que Choisir, Julien Dourgnon avait été l’un des plus brillants opposants à la loi DADVSI, qui avait tenté d’imposer le premier système de riposte graduée, finalement censuré par le Conseil Constitutionnel. Il était aussi un fervent supporter de la licence globale, visant à légaliser les échanges sur les réseaux P2P en contrepartie du paiement d’une rémunération prélevée par les fournisseurs d’accès à internet. Nous l’avions à cet égard interrogé le 12 mai 2006, en pleine période d’examen de la loi

 

Finalement licencié en 2008 par l’UFC-Que Choisir, Dourgnon avait rejoint brièvement la Sacem en 2009, en tant que délégué aux études et à la communication extérieure, à une époque où la société de gestion collective travaillait elle-même à un plan B proche de la licence globale. Cette embauche avait surpris, tant la détestation exprimée par Julien Dourgnon contre l’industrie culturelle ne semblait pas feinte, y compris en coulisses. Les raisons de son départ précipité de la Sacem n’ont jamais été explicitées.

Si la nomination de Dourgnon sonne comme un nouveau coup porté, après les déclarations d’Aurélie Fillipetti qui fâchent l’industrie culturelle, faut-il nécessairement y voir la marque d’une ligne idéologique ?

A ce stade, rien n’est moins sûr. Mais l’on peut tout de même remarquer qu’à l’été 2011, Julien Dourgnon avait rejoint Arnaud Montebourg en tant que « coordinateur des experts » lors des primaires socialistes. Or, Numerama avait pointé du doigt en juillet 2011 une évolution idéologique d’Arnaud Montebourg. Alors que le député de Saône-et-Loire s’était dit hostile à la licence globale en 2009, et avait même refusé de voter contre Hadopi, le candidat à la candidature s’était montré beaucoup plus nuancé lors de la primaire, sans aller toutefois jusqu’à expliciter un soutien à la légalisation des échanges hors marché, qui était alors dans le socle commun du programme socialiste.

Certains murmurent toutefois que d’autres raisons, tout à fait personnelles et aujourd’hui oubliées, auraient poussé Arnaud Montebourg à prendre position, autrefois, pour la lutte contre les échanges privés.

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