Au moins il y a une cohérence que l'on ne peut leur reprocher. La BBC rapporte en effet que faute d'avoir obtenu de Google qu'il paye une dîme pour le droit à l'indexation de ses contenus, l'Association Nationale des Journaux (ANJ) du Brésil, qui fédère 154 quotidiens brésiliens, a obtenu de l'ensemble de ses membres qu'ils abandonnent leur référencement par Google News. La mesure est radicale, sans doute en partie suicidaire, mais cohérente.
En effet, dès lors qu'ils jugent moins rentable d'être présent sur Google News que de ne pas y être, les journaux ont raison de s'en retirer. C'est une démarche beaucoup plus respectable et intellectuellement honnête, que d'obtenir d'une ministre de la République qu'elle crie au chantage à l'Etat lorsque Google prévient qu'il cessera d'indexer la presse nationale si ça devait lui coûter quelque chose.
"Rester avec Google News n'aidait pas à croître notre croissance numérique, au contraire", assure le président de l'ANJ brésilienne, Carlos Fernando Libengerg Neto. "En fournissant les quelques premières lignes de nos articles aux internautes, le service réduit les chances qu'ils aillent regarder l'ensemble de l'article sur nos sites web".
Selon nos constatations, L'Estadão de Sao Paulo a par exemple ajouté à son fichier robots.txt une section qui interdit au robot de GoogleNews de parcourir ses pages :
User-agent: Googlebot-News Disallow: / Disallow: /*
Idem pour le quotidien O Globo, qui a doublé la précaution d'une balise meta spécifique dans son code source :
<meta content="noindex" name="googlebot-news"/>
Malgré la perte des journaux qui représentent 90 % de la diffusion de quotidiens au Brésil, le Google News brésilien continue ce matin de fonctionner, avec des médias comme Globo, TVi24, ou Terra.com.
Nous verrons à terme si les journaux brésiliens font demi tour, à l'instar de ce qu'a fait Rupert Murdoch avec le London Times, qui a demandé sa ré-indexation à Google. En attendant, il faut saluer le courage des patrons de presse Brésiliens, à dix mille lieues du discours du patron du Nouvel Observateur, Laurent Joffrin, qui a dénoncé en France "un chantage pur et simple sur le gouvernement élu et sur la représentation nationale", sans voir que sa colère était une preuve par l'absurde de l'incongruité de ses exigences.
On ne peut pas se mettre en colère d'être dé-référencé, lorsque l'on affirme pour justifier une taxe que le fait d'être référencé coûte plus cher que de ne pas l'être.
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