Élément central dans les relations entre la télévision et le cinéma, la chronologie des médias est un dispositif qui s'active après la sortie en salle. Il fixe pour chaque mode d'exploitation des films le délai minimum à respecter avant la première diffusion. En l'état actuel de la législation, la chronologie française des médias impose des délais allant de 4 à 48 mois après la sortie en salle.
Mais les choses pourraient très bientôt changer, en tout cas pour le cinéma d'art et d'essai. La responsable de l'éducation et de la culture au sein de la Commission européenne, Androulla Vassiliou, indique dans un communiqué que Bruxelles songe à supprimer toute chronologie des médias pour ces films. Cette mesure aboutirait par conséquent à une sortie simultanée en salle, à la télévision, sur le web et en VOD.
"La Commission européenne lance une nouvelle initiative visant à évaluer les avantages de la sortie de longs-métrages sur différentes plates-formes le même jour ; en d'autres termes, une sortie simultanée au cinéma, à la télévision, sur les plates-formes de vidéo à la demande et sur Internet", écrit Androulla Vassiliou.
L'expérimentation sera financée par une enveloppe de 2 millions d'euros. Le test portera sur une vingtaine de longs-métrages classés dans la catégorie art et essai, et dont la diffusion simultanée sera testée en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en France, en Irlande, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas en Pologne et au Royaume-Uni.
D'après Androulla Vassiliou, la sortie en simultanée de ces films pourrait non seulement faire le bonheur des cinéphiles – qui n'auront pas à patienter des mois avant de pouvoir revoir le film – mais également des producteurs de films indépendants, qui estiment qu'ils monétiseront mieux un film en le sortant en même temps sur tous les canaux de diffusion possibles.
C'est une position qui se défend. Les films d'art et d'essai sortent généralement en salle avec un nombre de copies très limité, au motif que leur succès sera relativement confidentiel. Pour des questions d'audience, ces films ne sont pas la priorité des chaînes de télévision, qui préfèrent diffuser des longs-métrages beaucoup plus populaires – d'aucuns diront commerciaux – afin d'attirer les téléspectateurs.
Dans ces conditions, puisque ces oeuvres sont ignorées par les chaînes ou boudées par le grand public, pourquoi leur imposer une chronologie des médias ? En les excluant du dispositif, cela aurait au moins le mérite d'améliorer un tant soit peu ce mécanisme, qui est en grande partie le principal responsable du manque de dynamisme de l'offre légale dans l'Hexagone.
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