Officiellement il n'y a aucun rapport avec le rapport de Jean-Marie Bockel qui préconise l'interdiction de recourir en France aux routeurs chinois de ZTE et Huawei, sur la base de très exagérées suspicions d'espionnage pour le compte de la Chine. Officieusement, le doute est permis.
L'équipementier chinois ZTE aurait en effet annoncé aux responsables locaux qu'il renonçait à l'installation du centre de recherche et de formation européen qu'il prévoyait d'implanter à Poitiers, au niveau de la Technopole du Futuroscope. C'est la perspective d'un millier d'emplois, dont 300 à très court terme, qui s'éloigne.
ZTE a déjà fait construire 10 500 mètres carré de bureaux et de logements, qui devaient être livrés fin décembre. Pour l'essentiel, ils seront finalement loués ou revendus. "Entre l’achat du terrain de 13 hectares en 2008, la construction de ces premiers immeubles, ZTE aurait, selon nos calculs, déjà déboursé plus de 22,5 millions d'euros", estime 7àPoitiers.fr, qui révèle l'information et parle d'une réunion orageuse il y a une semaine entre ZTE et les élus locaux.
Parmi eux figure l'ancien premier ministre et actuel sénateur Jean-Pierre Raffarin, qui indique vouloir négocier une solution avec l'ambassade de Chine, lors d'un rendez-vous programmé cette semaine. Preuve que le dossier est hautement politique.
"ZTE n’occupera pas l’ensemble des locaux qu’il avait prévu d’occuper" confirme de son côté l'équipementier, qui reconnaît une "vraie réflexion autour de la pérennité des investissements à Poitiers". La réflexion est d'autant plus d'actualité que le groupe chinois a affiché un déficit record de 240 millions d'euros lors de son troisième trimestre 2012, ce qui pourrait avoir précipité sa décision.
Au total, ZTE-Development, la filiale immobilière du groupe chinois, prévoyait de construire 60 000 m² à Poitiers ; ce qui semble désormais fortement compromis.
Si les accusations d'espionnage n'ont officiellement pas pesé dans la décision, les explications fournies par ZTE ne sont guère plus réjouissantes pour la France. Lin Cheng, le vice-président Europe et Amérique du Nord de ZTE, aurait en effet expliqué que ZTE avait du mal à trouver des ingénieurs télécoms qualifiés sur le territoire, et que la France manquerait d'un écosystème performant sur le numérique. C'est donc toute la politique de formation et d'accompagnement des entreprises qui est mise en cause, ce qui est un problème beaucoup plus profond qu'une brouille diplomatique passagère.
Selon 7àPoitiers, ZTE porterait désormais son dévolu sur l'Europe de l'Est, en Allemagne ou en Hongrie.
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