Mardi, des millions d'Américains sont appelés dans les urnes pour désigner les grands électeurs qui décideront qui de Barack Obama ou de Mitt Romney sera le prochain président des Etats-Unis. Comme toujours, le résultat s'annonce très serré, et le nombre des détails pouvant faire basculer l'élection dans un sens ou dans l'autre sont analysés à la loupe. Y compris le rôle que peuvent avoir les moteurs de recherche, à une époque où les citoyens y ont massivement recours pour rechercher des informations sur les sujets qui font l'actualité.
Ainsi le Wall Street Journal a publié dimanche une enquête sur l'impact politique de la personnalisation des résultats de recherche par Google. Le quotidien américain a été alerté par des travaux menés par Gabriel Weinberg, le fondateur du moteur de recherche alternatif Duck Duck Go, qui a découvert que le moteur de recherche pouvait parfois mettre en avant les positions de Barack Obama sur certains sujets qui font polémique, dans le cadre des recherches personnalisées. L'entrepreneur avait conduit une étude avec l'aide de 131 de ses utilisateurs, mais le Wall Street Journal a voulu vérifier en procédant à ses propres tests, réalisés avec 62 testeurs recrutés via Amazon Mechanical Turk (une place de marché qui permet de recruter de la main d'oeuvre à prix cassé).
Des devoirs démocratiques de pluralité pour les moteurs de recherche ?
Il s'avère que dans 80 % des cas, après avoir fait une recherche sur "Obama", les utilisateurs qui recherchent des informations sur "Iran", "avortement", "mariage gay" ou "medicare" (le programme de sécurité sociale) se voient proposés des liens personnalisés menant à des articles parlant des positions de Barack Obama. Alors qu'en suivant le même parcours en commençant par rechercher "Romney", Google ne personnalise pas les recherches pour évoquer ensuite les positions de Mitt Romney sur ces différents sujets.
Interrogé par le journal, Google explique que la fonction de personnalisation, introduite discrètement il y a environ un an, fonctionne en associant les recherches successibes. Par exemple, si un utilisateur recherche "location" puis "maison" dans deux recherches séparées, Google considère qu'il recherches des maisons à louer, et personnalise les résultats. C'est le même algorithme qui favorise l'affichage des prises de position d'Obama, puisqu'il fonctionne par apprentissage. Selon Google, c'est parce que davantage d'internautes cherchent "Obama" (plutôt que "Romney") puis "Iran" que le moteur de recherche affiche des résultats personnalisés avec Barack Obama lorsque les internautes se renseignent sur l'Iran.
De là à dire que Google influence sur le résultat des élections, c'est beaucoup dire. Mais Google en a certainement le pouvoir, comme l'avait expliqué Alban Martin dans Egocratie et Démocratie. Même la neutralité de l'algorithme a des effets pervers. Dès lors que Google personnalise les résultats en fonction des intérêts de l'utilisateur ou des tendances exprimées par les masses, le moteur de recherche affiche en priorité les résultats qui confortent l'utilisateur dans sa propre pensée, ou qui l'orientent vers la pensée dominante. Les arguments minoritaires sont relégués à l'arrière-plan, ce qui les marginalisent plus encore.
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