Comment empêcher les mineurs de voir des contenus pornographiques sur le net ? La réponse à cette question est difficile à trouver : la présence d’un adulte pendant les sessions de surf ne peut s’envisager que lorsque l’enfant est en bas âge. Très vite, dès que la progéniture entre dans l’adolescence, la proximité du parent qui contrôle par-dessus l’épaule ce qui apparaît à l’écran devient indésirable.
Face à ce besoin légitime d’intimité des jeunes lorsqu’ils sont sur Internet à discuter avec leurs camarades, d’autres solutions doivent donc être envisagées jusqu’à ce que garçons et filles atteignent l’âge de la majorité. Ces alternatives peuvent être légales ou techniques (ou les deux), mais elles ont leurs limites : l’histoire montre qu’une telle approche ne peut offrir qu’une protection imparfaite.
Pour Laurence Rossignol, les limites inhérentes aux outils techniques et juridiques ne doivent pas être un prétexte pour ne pas les mettre en place car une protection, même si elle est incomplète, reste toujours préférable à aucune protection. Et si les outils actuels ne conviennent pas, alors pourquoi ne pas tout simplement « imaginer de nouveaux outils […] pour bloquer l’accès à ces sites aux mineurs » ?
C’est justement ce que prévoit de faire la ministre des Familles et de l’Enfance. Dans un entretien au Figaro, elle explique qu’une réunion doit se tenir avec les opérateurs et les juristes pour établir de nouvelles actions en vue de protéger les mineurs. Ainsi, au niveau des forfaits Internet, il pourrait s’agir d’une activation par défaut du contrôle parental se répercutant sur tous les terminaux connectés à l’accès.
L’idée ? Faire en sorte de rendre volontaire l’acte d’accès aux contenus pour adultes sur le net, en le matérialisant par une option à cocher. « Ce serait aux utilisateurs qui n’en ont pas besoin de le désactiver et pas l’inverse », justifie-t-elle. Au risque de dire aux fournisseurs d’accès à Internet qui de leurs abonnés s’intéressent aux contenus X et qui ont laissé le réglage par défaut.
Rendre volontaire l’acte d’accès aux contenus pour adultes sur le net, en le matérialisant par une option à cocher
Mais aussi au risque de mettre le doigt dans un engrenage car la solution du blocage par défaut de la pornographie, via un contrôle parental déployé à l’échelle de tout un pays, en l’occurrence la France, pourrait inspirer le législateur pour étendre la mesure où d’autres contenus jugés indésirables. Avec des initiatives de ce genre, on sait toujours quand elles débutent mais on ne sait jamais où elles s’arrêtent.
Peut-être en saurons-nous plus mardi 21 mars : en effet, Laurence Rossignol organise une « session de créativité pour initier des réflexions sur la prévention de l’exposition des mineur.e.s à la pornographie sur Internet ». Elle a « pour but de faire émerger des solutions innovantes pour renforcer la protection des enfants exposés à la pornographie sur Internet ».
Il sera notamment question de deux ateliers : « État des lieux des normes juridiques : efficience et perspectives d’évolution ? » et « Contrôler l’accès : comment techniquement mieux protéger les enfants ? ». Numerama y assistera.
Laurence Rossignol avance à vue
La question des mineurs face à la pornographie sur Internet est une problématique qui n’est pas neuve dans l’esprit de Laurence Rossignol. En février, sur le site catholique Padreblog, elle s’est dit prête à s’attaquer à l’industrie pornographique, en évoquant par exemple l’idée que chaque internaute souhaitant se rendre sur un site pornographique devrait laisser son numéro de carte bleue sur le site.
La ministre est même allée jusqu’à dire, sans véritablement développer son idée, son intérêt pour la coupure de l’accès. Mais ces pistes, censées apporter des solutions à une problématique réelle, ont davantage posé de nouvelles questions que fourni des réponses. Signe que les propositions de la ministre, bien que spectaculaires, n’ont pas véritablement été creusées.
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