Au mois de mars dernier, nous avions rapporté qu'un tribunal égyptien avait ordonné le blocage des sites pornographiques accessibles en Egypte, au motif qu'ils n'étaient pas acceptables au regard des valeurs du pays et de la cohésion de la société égyptienne. Cependant, la décision n'a jamais été appliquée, pas davantage qu'une décision administrative similaire adoptée trois ans ans plus tôt.
Mais le ton monte, et le risque d'un filtrage s'accentue.
En effet, le procureur général égyptien Abdel Maguid Mahmoud a demandé mercredi au gouvernement de mettre en oeuvre ces décisions. Il ne s'agirait pas simplement de bloquer l'accès aux sites pornographiques, mais beaucoup plus largement de "prendre les mesures nécessaires pour bloquer toutes les photos corrompues ou à caractère pornographique ainsi que les scènes contraires aux valeurs et traditions du peuple égyptien et des intérêts supérieurs de l'Etat". La confrérie des Frères Musulmans, à laquelle appartient le président Mohammed Morsi, ne devrait pas s'opposer à une telle demande.
Cité par l'EFF, le porte-parole du parti salafiste Al-Nour (qui a obtenu 25 % des voix aux dernières élections législatives) se félicite de l'exhortation du procureur général, en affirmant qu'elle n'aurait aucun impact sur les libertés publiques puisque de toute façon "la société égyptienne est conservatrice par nature et rejette ces sites web" (sic).
Reste à voir, concrètement, comment un tel blocage sélectif des contenus pourrait être mis en oeuvre. Au Pakistan, le gouvernement semble avoir renoncé à un projet massif de filtrage, devant l'énorme difficulté technique qu'il représente.
De son côté, la justice tunisienne a rejeté le filtrage en Tunisie après plusieurs mois d'hésitations, et le gouvernement se veut désormais exemplaire, allant jusqu'à proposer d'organiser un Forum sur la liberté d'expression que Nicolas Sarkozy avait refusé d'héberger en France.
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