Ironie politique : Obama livrait une des plus pertinentes réflexions de son passage à la Maison Blanche à quelques semaines de son départ. Intelligence artificielle, voiture autonome et emplois de demain furent les sujets préférés du président sortant. Mimétisme ou coïncidence : François Hollande parlait robot et intelligence artificielle ce mardi, à moins de 40 jours de son départ.
Il faut parfois quitter le pouvoir pour s’apercevoir de l’ampleur des occasions manquées et des sujets délaissés. Alors que les prétendants à sa succession s’opposaient ce lundi sur TF1, l’occupant du château courtisait aujourd’hui les robots, à défaut d’électeurs, dans le cadre de la Journée de l’IA à la Cité des Sciences.
L’intelligence artificielle, ce gros dossier que l’on méprise
Après le départ d’Axelle Lemaire, son remplaçant, le secrétaire d’état chargé du numérique et de l’innovation, Christophe Sirugue n’aura ni l’espace, ni le temps, d’ouvrir des chantiers durant son passage éclair du côté de Bercy. De fait, le secrétaire d’État a préféré récupérer de sa prédécesseur les gros sujets afin de se les approprier et donner à son administration de quoi s’occuper jusqu’à mai prochain. Parmi ceux-ci, un épais dossier : celui de France IA.
Lancé il y a deux mois avec différents chercheurs et acteurs de l’intelligence artificielle, ce groupe de travail devait dévoiler ce mardi son rapport sur l’état des recherches en France et ses propositions pour faire de l’hexagone un pionnier dans le domaine.
Les solutions, portées notamment par la startup française Snips, ne viennent donc ni de Bercy, ni de l’Elysée, mais bien des professionnels. Le rapport final contient en tout une cinquantaine de propositions couvrant de très larges horizons ; autant le financement de la recherche, que la formation, mais également la compréhension par les citoyens des mécanismes de cette intelligence nouvelle qui constitue pour les acteurs un sujet urgent. Sans compréhension, sans explication, le débat public et démocratique nécessaire pour aborder ces sujets seront difficiles préviennent-ils.
Enfin, l’axe des recommandations des groupes de travail se concentre sur un objectif très économique : faire de la France un acteur de premier plan en matière d’IA. Et pour cela, on trouve dans celui-ci une myriade de propositions administratives, financières et sociales pour tenter à la fois de donner plus de moyens à la recherche, conserver les talents sur le territoire français mais également faciliter l’interaction entre les laboratoires et les entreprises du numérique.
De fait, le Président de la République ne manquait pas dans son discours, qui concluait les restitutions du travail effectué par les groupes, de s’appesantir sur les performances économiques promises par l’intelligence artificielle. Toutefois, lyrique comme l’est un Président à quelques pas de la sortie, François Hollande se livrait également à un discours proche de celui d’Obama sur la notion de progrès, et notamment l’ambiguïté morale de celle-ci.
François Hollande réveillé par le réel
Grave, il débutait son discours en notant « Face aux défis, aux opportunités promises comme aux risques indésirables, la parole des états ne saurait être absente du débat. avant de prévenir les prophètes d’une apocalypse sociale causée par l’IA que seule la conjuration de la peur doit l’emporter pour ouvrir de nouveaux enjeux. » Notons que le Président a fait nulle mention d’une raréfaction du travail causé par les IA, qui est pourtant un des thèmes favoris de Benoit Hamon, son successeur socialiste désigné.
Forcément intéressant, ce réveil de l’exécutif sur le sujet de l’intelligence artificielle semble si tardif que l’on pourrait croire qu’il faut toujours quitter le château pour penser à l’avenir.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu un réveil politique sur la question avant ? Hollande écrit lui-même à ce sujet qu’il y avait dans la perception du problème une trop grande part de science-fiction, d’extraordinaire, avant d’avouer que l’actualité l’a convoquée : « cet imaginaire [la science-fiction des machines intelligentes] promet de se confronter, sans doute plus vite que nous ne l’aurions cru il y a peu, avec le réel. »
Cette prise de conscience bien que trop tardive pour marquer l’actualité parlementaire sera transmise — notamment via le rapport — aux administrations suivantes. Espérons qu’elles se pencheront sur le sujet avant les derniers jours de leur mandat. Mais rien n’est moins sûr.
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