Reporters Sans Frontières lancera le mardi 27 novembre un nouveau site internet qui a vocation à publier des documents censurés, pour démontrer que la censure est inutile et même contre-productive pour ceux qui tentent de l'imposer.

Mise à jour : comme annoncé, RSF a ouvert aujourd'hui son site internet

Article du 19 novembre 2012 – 

C'est finalement le mardi 27 novembre que Reporters Sans Frontières ouvrira les portes de son site internet WeFightCensorship.org (WeFC) avec un peu de retard sur la date annoncée en juillet dernier. Le projet, qui prolonge l'initiative de l'abri anti-censure créé en 2010 pour sécuriser les journaliste et dissidents politiques, proposera la "publication de documents frappés par la censure, interdits de publication, ou qui ont valu des représailles à leurs auteurs (assassinat, arrestation, harcèlement ou pression, etc.)", et différents services visant à aider citoyens et journalistes à contourner la censure et la surveillance étatique.

Comme Wikileaks, WeFC permettra aux internautes de faire parvenir à l'organisation des documents de façon anonyme grâce à un "coffre-fort numérique" dont l'organisation a fait éprouver la sécurisation lors d'un hackaton organisé cet été. Mais pour RSF, la comparaison avec l'héritage polémique de Julian Assange s'arrête là. "Ce nouveau site ne délivrera jamais de documents bruts", prévient ainsi l'organisation, qui tient à ce que les contenus publiés soient d'abord sélectionnés puis "replacés dans leur contexte".

"Il s'agit de raconter un cas de censure, pas seulement de publier un contenu censuré", insiste ainsi Lucie Morillon, responsable du bureau Internet et Nouveaux Médias de Reporters Sans Frontières.

Le site internet n'a d'ailleurs pas pour vocation première de révéler des documents, mais "de rendre la censure caduque, de démontrer que priver l'auteur d'un article de sa liberté, saisir des exemplaires d'un journal ou bloquer l'accès à un site hébergeant une vidéo, n'empêchera pas le contenu lui-même de faire le tour au monde, bien au contraire". Il s'agit ainsi d'illustrer le fameux effet Streisand, qui fait que la censure jette la lumière sur ce que l'on voulait cacher, sans nécessairement que WeCF soit le premier à sortir le document.

Reporters Sans Frontières proposera un VPN grand public

La version bêta du site, que Numerama a pu consulter, montre d'ailleurs que les quelques documents publiés sont tous fortement éditorialisés, mais qu'ils ont essentiellement valeur de témoignage historique. Pour le moment, aucun n'est porteur de révélations.

Ce sera donc aux internautes de s'emparer de l'outil et de soumettre des documents inédits, que RSF ne publiera cependant pas systématiquement. Les documents publiés seront d'abord choisis par un comité éditorial, dont la composition n'a pour le moment pas été communiquée.

Par ailleurs, au delà de la publication des documents censurés, WeFightCensorship.org proposera un "kit de survie en ligne" pour aider les internautes et journalistes à contourner la censure et à sécuriser leurs communications. L'organisation annonce même qu'elle proposera bientôt un service de VPN pour le grand-public.

Pour illustrer sa volonté d'éduquer à la sécurisation, RSF a fait parvenir aux journalistes son dossier de presse sous forme de clé USB contenant un fichier PDF lui-même contenu dans un fichier chiffré par TrueCrypt. Un tutoriel expliquait comment installer le logiciel de cryptographie et déchiffrer le PDF du dossier de presse :

RSF, qui propose un site miroir de Wikileaks depuis 2010, a aussi prévu un mécanisme de miroirs en cas de blocage ou de fermeture forcée de WeFightCensorship. Le site proposera un tutoriel permettant à chacun de créer facilement sa propre réplication automatisée sur un petit serveur personnel, sous Linux.

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