À partir de 2010, les principales plates-formes de paiement (PayPal, Moneybookers) et les grandes sociétés de cartes de crédit (MasterCard, Visa) ont décidé de bloquer les dons en faveur de Wikileaks, suite à la diffusion par le site lanceur d'alerte d'informations confidentielles appartenant aux États-Unis, dont des télégrammes diplomatiques et des documents militaires consacrés à l'Irak et à l'Afghanistan.
Pour justifier cette nouvelle politique à l'égard de Wikileaks, ces entreprises affirmaient que le site enfreignait leurs conditions contractuelles. "Nos services de paiement ne peuvent être utilisés pour des activités qui encouragent, promeuvent, facilitent ou poussent autrui à commettre des activités illégales", avait par exemple expliqué PayPal, déclenchant alors la colère des partisans du site web.
L’évocation des conditions contractuelles n'était qu'un prétexte. Il est vite apparu que cette stratégie d'étouffement avait pour origine le gouvernement américain. C'était en tout cas sa signature. L'administration Obama s'est démenée en coulisses pour faire tomber Wikileaks en asséchant ses sources de financement, sans avoir à le traduire en justice (dont l'issue n'était de toute façon pas acquise).
Cette tactique a très bien fonctionné sur les intermédiaires techniques et les services financiers américains, mais nettement moins sur les initiatives étrangères, moins sensibles aux pressions et passant par d'autres réseaux. Mais elle a révélé du même coup la capacité des États-Unis de faire de certaines de ces sociétés des instruments de pression politique.
La plainte européenne vouée à l'échec ?
Sans doute conscients de la faible chance de renverser la vapeur aux États-Unis, les soutiens de Wikileaks ont décidé de porter le combat en Europe. Les filiales européennes de ces grands groupes américains ont ainsi été visés par des plaintes, déposées auprès de la Commission européenne. Selon la plainte, les mesures prises par ces sociétés violent le droit communautaire en matière de concurrence.
Or, il apparaît que la partie est loin d'être gagnée pour le plaignant, DataCell, une entreprise islandaise collectant notamment les dons destinés à Wikileaks. Selon des informations livrées à Reuters par un porte-parole de Bruxelles, la démarche engagée par DataCell ne devrait très probablement pas déboucher sur une enquête complémentaire.
"Sur la base des informations disponibles, la Commission considère que cette plainte ne mérite pas d'investigations supplémentaires dans la mesure où il est peu probable que la moindre infraction aux règles de concurrence européennes puisse être établie", a ainsi commenté un porte-parole. Et d'ajouter que DataCell peut encore fournir de nouveaux éléments, avant la décision définitive de Bruxelles.
Manifestement, la Commission européenne considère donc qu'il n'y a pas eu d'infraction au droit communautaire. Dès lors et en l'état, aucune suite ne devrait être donnée à la procédure initiée par DataCell. Pour Julian Assange, fondateur et porte-parole de Wikileaks, c'est le signe de nouvelles pressions des autorités américaines sur leurs homologues européennes.
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