Depuis quelques années, l'emploi de l'outil informatique à des fins géopolitiques a fortement progressé. De plus en plus d'États utilisent leurs ressources dans ce domaine pour renforcer leur arsenal militaire, afin d'être à la fois en mesure de résister à une attaque et de mener des actions offensives, via notamment le piratage des systèmes d'information ou l'emploi de cyberarmes (Stuxnet, DuQu, Flame…).
Dans ce domaine, les États-Unis paraissent faire la course en tête. Outre leur contribution supposée à la conception des trois logiciels malveillants cités plus haut, ils n'hésitent pas à s'en prendre aux sites web de leurs ennemis, comme Al-Qaïda, mais aussi, selon une enquête de l'Express, de pirater leurs plus proches alliés, afin de s'assurer qu'ils restent toujours sur la même longueur d'onde.
Mais la doctrine militaire américaine n'est pas la seule à évoluer à mesure que l'outil informatique et les réseaux de télécommunications deviennent indispensables aux sociétés modernes. L'Inde, la Chine, Israël, le Royaume-Uni et la Belgique, pour ne citer que quelques pays, mettent également des dispositifs de défense et de riposte, même si les autorités cherchent souvent à entretenir le flou sur leurs capacités.
La France fait évoluer sa doctrine
En France, les lignes bougent également. Selon le spécialiste des questions de défense Jean-Dominique Merchet, le prochain livre blanc sur la défense et la sécurité nationale fera une très large place à la cyberdéfense, comme le demandait le sénateur Jean-Marie Bockel, auteur d'un rapport présentant la cyberdéfense comme un enjeu mondial et une priorité nationale.
Les orientations exactes du nouveau livre blanc sur ce sujet ne sont pas encore connues, dans la mesure où la remise de ce document n'est pas prévue avant février prochain. Tout juste sait-on que les forces armées ne seront pas uniquement concernées : les administrations, les services de sécurité et les entreprises seront également impliquées.
Les bases de la politique en matière de cyberdéfense ont officiellement été posées lors de la rédaction d'un autre livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, en 2008. Déterminant la posture à adopter jusqu'en 2020, le document suggère d'armer le pays avec des "moyens offensifs" pour "conduire des ripostes graduées contre des États qui s'en prendraient aux réseaux français".
"Dans la mesure où le cyberespace est devenu un nouveau champ d'action dans lequel se déroulent déjà des opérations militaires, la France devra développer une capacité de lutte dans cet espace", écrivait en outre la commission chargée de la rédaction du rapport.
Depuis, des initiatives ont été prises, comme la création d'une agence dédiée, l'ANSSI, qui assiste notamment les industries françaises. De son côté, l'armée a annoncé la création d'un corps de réservistes spécialisés dans les questions informatiques. Enfin, le gouvernement a pris un décret qui oblige les opérateurs télécoms à se soumettre à des contrôles de l’État, dans un objectif de sécurité nationale.
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