Il est devenu le symbole de la finance pour la finance, de la déshumanisation de l'économie. Le trading haute fréquence permet aux établissements financiers d'acheter et de revendre des quantités très importantes de titres en quelques millisecondes, selon des ordres décidés par des logiciels aux algorithmes ultra-secrets. Sur ce marché en pleine explosion, la bataille entre les banques consiste à recruter les meilleurs mathématiciens, et à disposer des infrastructures physiques les plus performantes possibles pour gagner toujours la micro-seconde qui fera la différence avec la concurrence. Plus l'on va vite, plus l'on a de chances de saisir le premier l'offre de prix la plus basse au moment de l'achat.
En France, le ministre de l'économie Pierre Moscovici a affirmé qu'il allait interdire le trading haute fréquence, dans le cadre de la réforme bancaire qu'il présentera en conseil des ministres le 19 décembre prochain. Il faudra voir si l'interdiction s'impose aux banques françaises et à leurs filiales et partenaires commerciaux, ou si la loi n'interdit que le THF à l'intérieur des frontières françaises. Car dans ce dernier cas, l'interdiction toute symbolique n'aurait que peu d'impact : l'essentiel du trading haute fréquence est d'ores et déjà concentré à la City de Londres, pour des raisons pratiques de nécessité de rapprocher au maximum les établissements pour accélérer toujours davantage les transactions. Les banques françaises qui pratiquent le THF le font donc essentiellement depuis Londres, soit directement, soit via des filiales ou partenaires.
Et pendant que la France s'apprête à interdire le Trading Haute Fréquence chez elle, la course à la vitesse continue. Computer World rapporte que les courtiers trouvent que la fibre optique n'est plus assez rapide à leurs yeux, et se retournent vers une technologie beaucoup plus ancienne mais plus performante : les micro-ondes.
"Si vous voulez transporter un peu de données très rapidement, la physique vous dit que vous devez passer par l'air. La fibre n'est tout simplement pas une bonne idée. Ca va vous ralentir", explique un co-fondateur de Quincy Data, qui fournit des solutions de micro-ondes aux établissements financiers.
Selon Computer World, les micro-ondes peuvent offrir actuellement jusqu'à 150 Mbps, ce qui n'est pas très impressionnant par rapport aux fibres optiques qui peuvent déjà délivrer 1 Gbps voire davantage. Leur spectre est limité, et donc la quantité de données l'est également. Mais c'est sur le temps de latence que les ondes conservent un avantage stratégique. La fibre optique est un fil composé de matière transparente (verre, plastique,…), à travers laquelle se diffuse la lumière, qui est une onde électromagnétique. Or les ondes voyagent presque à 300 000 kilomètres par seconde dans l'air, et au mieux à 200 000 kilomètres par seconde à travers le verre le plus transparent. Les ordres peuvent donc parvenir plus rapidement en envoyant une onde à travers l'air, plutôt qu'à travers une fibre.
Par ailleurs, les fibres optiques doivent souvent être installées en contournant des obstacles, ce qui allonge leur distance, alors que les micro-ondes peuvent être répercutées d'un point à un autre en suivant toujours des directions droites très optimisées.
La technologie vaut également pour les longues distances. Quincy Data a pu établir une ligne entre Chicago et New York, situés à 1145km de distance, en parvenant à une vitesse de transmission des données de 8,5ms seulement. La vitesse maximum théorique est de 7,96ms.
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