En première ligne dans le combat pour le libre partage de la culture et de l'information, le Parti pirate anglais s'est positionné en pointe pour défendre The Pirate Bay. Le mouvement a ainsi mis en place un proxy pour que les internautes anglais puissent quand même accéder au site malgré la censure du portail de liens BitTorrent, décidée par la justice britannique et mise en place par les opérateurs locaux.
Mais c'était sans compter la British Phonographic Industry (BPI), puissante association en charge des intérêts de l'industrie du disque au Royaume-Uni. L'organisation s'est mobilisée pour contraindre le Parti pirate à abandonner son proxy. Et elle y est parvenue : le proxy est inopérant depuis cette semaine, suite aux pressions exercées par la BPI sur certains membres de la jeune formation politique, par voie d'avocat.
Le mouvement, qui affirmait pourtant quelques semaines auparavant son intention de ne pas fermer le proxy, a donc préféré reculer. Et de justifier sa décision de supprimer sa page dédiée au contournement du blocage dans un communiqué de presse, en avançant des arguments financiers et juridiques, qui pourraient conduire à la fin du Parti pirate anglais si la demande de la BPI n'avait pas été satisfaite.
We will respond in due course. We will not be taking the proxy down.
— Pirate Party UK (@PiratePartyUK) Novembre 29, 2012
Malgré les efforts des membres, aucune piste pour débloquer cette situation n'a été trouvée. Selon l'avocate du mouvement, la législation actuelle rendait la décision de maintenir le proxy périlleuse et intenable. Et une action devant les tribunaux nécessite des moyens conséquents. Or, les quelques ressources disponibles sont réservées pour la réalisation d'autres projets et le financement des futures campagnes.
Mais le mouvement pirate ne se limite pas à sa seule composante britannique. Il existe d'autres formations dans le monde et étrangères à la législation britannique. Et justement, ces autres branches ont commencé à s'agiter suite à l'annonce de la fermeture du proxy dédié à The Pirate Bay. En Argentine et au Luxembourg, les formations locales ont ainsi mis en place tpb.partidopirata.com.ar et tpb.piraten.lu.
Les deux groupes ont publié chacun un communiqué de presse (ici et là) dans lequel ils rappellent leur opposition au blocage des sites et dénoncent la pression des lobbyistes chargés de défendre les intérêts de l'industrie du divertissement. Ils renouvellent en outre leur soutien aux difficultés du Parti pirate anglais suite aux mises en garde adressées par la BPI.
De son côté, le Parti pirate britannique a rappelé dans un précédent communiqué son opposition au blocage technique des sites, opération jugée inefficace et disproportionnée, et plaidé une fois encore pour une réforme profonde de la législation afin de faire revenir dans la légalité des millions d'internautes dont les usages ont fortement évolué avec Internet.
Comme le remarque très justement Torrentfreak, l'intervention des autres Partis pirates illustre la phrase célèbre de l'activiste américain John Gilmore, cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation, à l'origine de la liste de diffusion Cypherpunk et contributeur notable du Projet GNU. : "Internet traite la censure comme un incident et la contourne".
Et il existe au moins 145 chemins différents pour accéder à la baie des pirates.
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