Mouvance informelle et décentralisée, Anonymous a connu son heure de gloire en 2008 avec l'opération Projet Chanology en s'en prenant à l'église de scientologie. C'est véritablement à ce moment-là que les projecteurs médiatiques se sont braqués sur les activités de ce collectif. Depuis, les modes d'actions se sont multipliés et diversifiés, avec plus ou moins de succès.
Quatre ans plus tard, on ne compte plus les évènements impliquant Anonymous. Quelques opérations ont toutefois reçu une attention particulière. C'est le cas de l'opération Payback en soutien à Wikileaks étranglé financièrement, l'opération MegaUpload en faveur du site d'hébergement, l'Opération Blackout contre les projets de loi PIPA et SOPA ou du soutien en faveur des révolutions arabes.
Si certaines campagnes ont reçu un vif soutien, d'autres ont été très critiquées. C'est par exemple le cas de l'attaque ciblant l'Express suite aux grandes réserves exprimées par son rédacteur en chef sur la façon de faire du mouvement. La publication à plusieurs reprises de données personnelles de policiers est aussi une attitude très discutée, tout comme certaines actions parfois risquées, contreproductives ou vaines.
Le soutien fluctuant des internautes n'est pas surprenant : au fil des années, Anonymous a considérablement élargi son champ d'action et fait siennes de nombreuses causes (la lutte contre la drogue, la pédopornographie, les lois dites liberticides, les dictatures, la riposte graduée…), au risque de brouiller la lisibilité de son action. Ainsi, certains engagements sont parfois moins compris.
Cette situation est directement liée à la nature d'Anonymous, qui est une auberge espagnole. La mouvance dispose en effet d'un grand atout qui est aussi son principal handicap. N'importe qui peut en effet prendre la bannière Anonymous, se revendiquer du sérail et entreprendre des opérations, sans jamais avoir besoin de demander l'autorisation à quiconque. Au risque de viser la mauvaise cible.
C'est aussi une menace même pour la crédibilité du mouvement. Dans le cadre d'une tentative de désinformation, il est très simple de discréditer Anonymous en menant des actions impopulaires en son nom. Et si les soutiens d'Anonymous font un parallèle avec le réel en présentant les attaques DDOS comme des sit-ins numériques, les conséquences peuvent être très fâcheuses.
Le déclin d'Anonymous
Dans un document (.pdf) listant les principales menaces pour 2013 et signalé par le Guardian, l'éditeur de logiciels de sécurité américain McAfee considère justement que la nature même d'Anonymous va contribuer à faire décliner la popularité du mouvement. La communauté est désormais trop éparpillée, trop large, trop hétérogène pour produire un message clair et cohérent.
"Les sympathisants d'Anonymous souffrent. Trop d'opérations floues ou désorganisées ont entâché sa réputation. En plus de cela, la désinformation, les fausses allégations et les actions de hacking pur vont rendre le mouvement politiquement moins visible que par le passé", estime l'entreprise, connue pour son logiciel antivirus (et son très étonnant fondateur).
Selon McAfee, le déclin d'Anonymous est également causé par son mangue d'innovation et son incapacité apparente à renouveler son mode opératoire. De façon générale, la manière d'agir du collectif n'a pas vraiment évolué ces dernières années. Autrement dit, les entreprises peuvent résister plus efficacement aux assauts des internautes et les interruptions de services ne durent jamais bien longtemps.
"Dans la mesure où le niveau de sophistication technique [des attaques] d'Anonymous a stagné, tout comme ses tactiques, les victimes potentielles les comprennent mieux, réduisant ainsi le taux de réussite du collectif", développe McAfee. L'éditeur estime qu'Anonymous cédera peu à peu le pas à des groupes aux effectifs plus minces, mais plus radicaux avec des objectifs politiques clairs et des actions plus musclées.
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