La France est en guerre. Même si officiellement le pays ne fait que se mettre « au service d’une opération internationale » décidée en vertu de la résolution 2085 du Conseil de Sécurité de l’ONU, la France est bien en « guerre contre le terrorisme », selon la formule consacrée. Or, dans toute guerre moderne, les belligérants s’emploient à utiliser les nouveaux médias pour convaincre les populations du bien-fondé de leurs actions et motiver leurs soutiens. Nous l’avions vu de façon très prononcée dans la médiatisation du conflit israélo-palestinien, durant lequel chaque camp a fortement exploité les réseaux sociaux et les sites de partage de vidéos comme YouTube.
Mais de façon notable, alors que la Diplomatie Française a investi les réseaux sociaux il y a déjà plusieurs années, la France n’utilise que très peu Internet pour relayer et médiatiser elle-même son action au Mali. Le président François Hollande s’est attardé auprès des journalistes à Abou Dhabi pour annoncer l’engagement de 750 hommes sur le terrain, et de nouvelles frappes qui auraient « atteint leur objectif« , mais rien n’en a été dit sur les canaux directs de communication employés par la diplomatie ou l’armée française.
Ainsi, la chaîne YouTube France Diplo TV se contente ces derniers jours de relayer les allocutions officielles du ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, et la chaîne Dailymotion est encore moins fournie. Le compte Twitter @FranceDiplo, qui relaie la parole du Quai d’Orsay, n’évoque lui non plus aucune information sur l’avancement des opérations militaires. La page Facebook du ministère ne dit pas un mot de la guerre au Mali, pas davantage que la page Google+. Quant à Flickr, aucune photo n’a été publiée depuis le 7 décembre.
Du côté du ministère de la Défense, l’utilisation d’internet est un peu plus prononcée dans la couverture du conflit au Mali, mais à un degré toujours timide. Les actualités du site officiel n’ont pas été mises à jour depuis un compte rendu sommaire du 13 janvier sur le déploiement des forces dans le cadre de l’opération Serval. La chaîne Dailymotion du ministère de la Défense n’est pas exploitée, avec uniquement la diffusion d’une conférence de presse du ministre Jean-Yves Le Drian, et un reportage sur sa visite du 11 janvier à la Délégation à l’Information et à la communication de Défense (DICoD)… chargée de la communication du ministère. « Le rôle que vous avez, c’est de mettre en avant l’action du ministère de la Défense qui assure la sécurité et la souveraineté de notre pays« , leur a-t-il répété à cette occasion. « Il faut que vous soyez au premier plan pour renforcer ce lien armée-nation » :
C’est finalement du côté de Facebook que l’on trouve le plus d’informations fournies directement par l’Armée française. Ainsi, la page Facebook de l’armée française, suivie par les soldats et leur famille, et dédiée aux opérations militaires, a diffusé une série de photos et de vidéos depuis le lancement de l’Opération Serval le vendredi 11 janvier. Ce lancement avait été annoncé sur la page Facebook, qui pour l’occasion a modifié sa photo de couverture pour la mettre aux couleurs de l’Opération Serval. L’armée semble y avoir annoncé dès le 11 janvier la mort d’un pilote d’hélicoptère au premier jour des combats, qui n’a été officialisée par Jean-Yves Le Drian que le samedi (mais il est très probable que le message ait été antidaté, puisqu’aucun des quelques 500 commentaires n’est daté du vendredi).
Sur cette page Facebook, l’armée française publie des albums photos des opérations militaires au Mali, dont aucune ne montre le résultat des frappes, ou une série de vidéos.
Ces dernières sont hébergées sur le très discret compte YouTube de l’armée française, qui au moment de la publication de ces lignes ne compte que 282 abonnés et à peine plus de 80 000 vues. Depuis le début de l’intervention de la France au Mali, l’armée y a diffusé 9 vidéos.
https://youtube.com/watch?v=3cjVuZ_Aru8%3Frel%3D0
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