La semaine dernière, la Hadopi a publié une étude qui montre que ceux qui se reconnaissent pirates dépensent autant pour leurs consommations culturelles sur Internet que ceux qui jurent les grands dieux qu'ils ne piratent jamais rien. Le résultat du sondage n'avait rien de surprenant puisqu'il s'agit d'une constante que l'on retrouve dans toutes les études réalisées avec un minimum de sérieux. Certaines montrent même que les pirates sont en fait de meilleurs clients que les autres.
C'est notamment la conclusion d'une nouvelle étude (.pdf) réalisée par des chercheurs de l'Université de Columbia, avec le soutien financier de Google. Selon cette étude, les Allemands qui utilisent les réseaux P2P posséderaient en moyenne 3917 fichiers MP3, dont 1034 auraient été achetés. Ceux qui déclarent ne pas utiliser de réseaux P2P indiquent posséder en moyenne 627 fichiers musicaux, dont 376 auraient été achetés. La tendance est la même aux Etats-Unis.
L'étude montre également l'influence positive du développement d'une offre légale attractive, pour lutter contre le piratage. Ainsi, en moyenne, 52 % des Allemands disent télécharger moins grâce à l'émergence de services de streaming légaux.
Par ailleurs, les chercheurs ont voulu identifier le rapport des internautes à la légitimité du partage de films et séries TV. En Allemagne, 80 % des sondés trouvent qu'il est "raisonnable" de partager des films avec sa famille (93 % chez les moins de 30 ans), 63 % qu'il est raisonnable de le faire avec ses amis (79 % chez les moins de 30 ans). Mais ils sont uniquement 6 % à trouver acceptable d'uploader des fichiers sur un service de téléchargement accessible au public, et 3 % à trouver raisonnable de vendre des fichiers piratés. Etrangement, les Américains sont plus sévères avec le partage dans le cercle familial, mais moins sévères avec l'upload public ou la vente :
Sur la question des sanctions, les Allemands sont plus stricts…
59 % trouvent qu'il faut sanctionner le téléchargement illégal, contre 52 % des Américains. De même, ils sont 22 % à trouver que la suspension de l'accès à internet est une sanction acceptable, contre 16 % des Américains. Mais les Allemands sont moins fans de la prison ; 83 % s'y opposent, contre 72 % des Américains :
Sur une éventuelle amende, les Allemands sont aussi plus durs. 19 % des Américains trouvent qu'il faudrait une amende de 10 dollars ou moins, contre 5 % des Allemands. A contrario, 28 % des Allemands soutiennent une amende de 100 à 1000 dollars, contre 19 % des Américains :
… ils sont aussi davantage favorables au blocage des contenus
De façon inquiétante pour la liberté d'expression, les Allemands sont aussi davantage favorables aux mesures de filtrage que les Américains. Ainsi, 69 % des Allemands trouvent que les éditeurs ou hébergeurs comme Facebook et Dropbox devraient observer ce qu'ils hébergent et supprimer d'office les fichiers piratés, contre 61 % des Allemands. 69 % trouvent aussi qu'il faudrait que les moteurs de recherche comme Google bloquer les résultats menant à des fichiers piratés, contre 53 % des Américains.
Mais surtout, 66 % des Allemands sont d'accord pour que les FAI bloquent les sites de liens pirates, contre 46 % pour les Américains. Pire, 51 % ne trouveraient rien à redire si le blocage des fichiers illicites bloquait aussi l'accès à des contenus licites, contre 35 % des Américains.
En revanche, Américains et Européens sont d'accord sur le fait qu'il ne faut pas surveiller ce que font les abonnés de leur accès à internet pour les empêcher de pirater :
… mais les Allemands sont prêts à payer une licence globale
Enfin, même si les Allemands se montrent plus sévères que les Américains pour les pirates, ils sont aussi plus nombreux à trouver qu'une bonne solution pourrait être la création d'une licence globale. 68 % des Allemands se disent d'accord pour payer une "petite taxe" auprès de leur fournisseur d'accès à internet pour rémunérer les ayants droit en échange d'une légalisation du partage de fichiers, contre 55 % des Américains. Plus les internautes sont jeunes, plus ils sont sensibles à cette proposition.
Parmi ceux qui acceptent cette idée, 58 % accepteraient de payer plus de 10 euros par mois. Et 15 % disent même être près à payer plus de 25 euros par mois.
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