Faudra-t-il un jour autoriser son psychiatre ou son psychologique à accéder à son profil Facebook pour accélérer le diagnostic d'une maladie de l'âme ? Des chercheurs de l'Université du Missouri ont découvert dans une étude publiée dans Psychiatry Research (et relayée par Cnet) qu'il y avait un lien entre certains symptômes de troubles psychiatriques et l'activité des pages Facebook.
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont demandé à 221 étudiants de bien vouloir communiquer leur activité Facebook, et de se soumettre à une analyse de leur degré de schizotypie, manifesté par différents symptômes comme l'anhédonie, c'est-à-dire la difficulté voire l'incapacité à ressentir des émotions positives dans des situations qui devraient être considérées comme plaisantes, tel que le fait de discuter avec des proches.
Il est ressorti de cette étude que les sujets qui présentaient des signes d'anhédonie, associée généralement à la dépression ou à la schizophrénie, avaient tendance à avoir moins d'amis sur Facebook que les autres, à communiquer moins souvent avec eux, et à partager moins de photos. "D'autres participants à l'étude ont dissimulé une partie importante de leur profil Facebook avant de la dévoiler aux chercheurs. Ces participants ont également montré des symptômes de schizotypie, connus comme des aberrations perceptives, qui sont des expériences anormales de ses sens, et une idéation magique, qui est la croyance que des évènements sans lien physique de cause à effet sont d'une certaine façon connectés", résument les chercheurs. "Le fait de masquer l'activité Facebook a aussi été considéré comme un signe de niveaux plus élevés de paranoïa".
La page Facebook peut parler plus que le patient
Pour le moment, les chercheurs en psychiatrie se refusent à dire que l'examen des pages Facebook permet de détecter une maladie mentale. Ils constatent simplement des corrélations entre les diagnostics traditionnels et ce qu'ils voient sur ces pages, mais estiment qu'il faudra encore beaucoup de travaux avant d'en tirer des conclusions définitives.
Cependant selon eux, le grand intérêt de Facebook est d'ouvrir de nouvelles possibilités pour les thérapeutes, qui sont souvent confrontés à une distorsion entre la réalité et les discours d'un patient, ou plus simplement à une perte de mémoire du sujet. Pouvoir fouiller dans les archives d'un mur Facebook, c'est aussi remonter dans la mémoire du patient, pour y découvrir les causes d'un trouble, ou d'éventuelles manifestations de symptômes qui n'apparaissent pas dans la consultation traditionnelle sur le fauteuil d'un psychiatre.
Bien sûr, un tel examen du profil Facebook ne peut se faire qu'avec l'accord du patient. Mais si cette voie se confirme, d'autres tenteront de s'y engouffrer pour tenter de repérer par avance un individu susceptible de passer à l'acte dans un projet violent. Les polices du monde entier s'interrogent déjà certainement sur l'étrange corrélation qui fait que malgré leur jeune âge, qui rend cette coïncidence frappante sur le plan statistique, des tueurs de masse comme Merah, Breikik, Holmes ou Lanza avaient tous pour point commun de ne pas avoir de page Facebook.
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