L'Innocence des musulmans continue de provoquer de nombreux remous dans le monde arabo-musulman. Le pamphlet sur l'Islam s'est retrouvé ces jours-ci au cœur d'une procédure judiciaire en Égypte, qui a débouché sur un verdict controversé. Le tribunal administratif du Caire a en effet ordonné le blocage temporaire de YouTube sur les réseaux de télécommunications égyptiens.
À l'origine de cette action en justice, la plainte d'un Égyptien s'inquiétant de la "menace" que fait porter un tel film sur la paix sociale dans le pays. Dans sa décision, le tribunal a fixé la durée du blocage à un mois et demandé au ministère de la Communication et de l'Investissement de prendre les mesures nécessaires pour donner à ce jugement force exécutoire, indique Reuters.
De son côté, l'agence de régulation des télécommunications égyptiennes a fait savoir que la décision du juge sera appliquée dès qu'une copie du jugement sera reçue. Il est toutefois regrettable pour les Égyptiens que la décision frappe aveuglément tout le site américain au lieu de cibler précisément les copies de l'Innocence des musulmans. Cela aurait évité d'aboutir à un blocage aussi vaste.
Apparu l'automne dernier, l'Innocence des musulmans est un film ouvertement hostile à l'Islam. Le réalisateur y présente un Mahomet homosexuel et pédophile, tandis que la religion musulmane est décrite comme violente. De violentes manifestations se sont alors déclenchées dans plusieurs pays, avant que des mesures conservatoires ne soient prises par les autorités pour bloquer l'accès à la plateforme de vidéos.
L'Afghanistan et le Pakistan ont ainsi suspendu l'accès au site américain, tandis que ce dernier a décidé de son côté de limiter la visibilité du film en Libye et en Égypte. Des décisions du même type ont par la suite été prises en Arabie saoudite et en Iran pour empêcher leurs citoyens de le visionner.
Sur le plan judiciaire, plusieurs verdicts liés à l'Innocence des musulmans ont été rendus. Aux États-Unis, une demande de retrait du film déposée par l'une des actrices a été rejetée par un tribunal. En revanche, la justice brésilienne a ordonné à Google, propriétaire de la plateforme de vidéos, de supprimer toute copie du long-métrage. En France, une plainte pour diffamation a également été déposée.
Outre-Atlantique, le gouvernement américain avait dans un premier temps suggéré à YouTube de bien vérifier la conformité de la vidéo à ses règles, en estimant que la suppression pouvait être justifiée au regard des conditions d'utilisation qui interdisent tout contenu violent ou incitant à la haine. Mais l'entreprise avait refusé de céder, protégeant du même coup la liberté d'expression.
"Nous n'autorisons pas les discours incitant à la haine, qui attaquent ou rabaissent un groupe en raison de (…) la religion", dit le règlement de YouTube. Cependant, "nous encourageons la liberté d'expression et défendons le droit de chacun à exprimer des points de vue peu populaires", et "tout ce que vous verrez ne vous plaira peut-être pas". Dans ce cas, mieux vaut passer votre chemin.
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