Considéré comme l'un des pères fondateurs d'Internet, Vinton Gray Cerf a contribué à l'élaboration du protocole TCP/IP. Récipiendaire du prix Turing en 2004, il travaille désormais chez Google en tant que "chef évangéliste d'Internet". Naturellement, sa position l'amène à se prononcer sur les activités de la firme de Mountain View et à prendre la défense, la plupart du temps.
Mais il arrive parfois que Vint Cerf marque sa différence en se désolidarisant des choix de son employeur. Sur la gestion de l'identité, l'informaticien considère ainsi que l'affichage du nom complet ne devrait pas être imposé. Il convient de ménager un espace pour permettre aux internautes d'exercer une certaine forme d'anonymat, le pseudonymat, en particulier sur les services et produits proposés par Google.
"L'anonymat et le pseudonymat sont parfaitement raisonnables dans certaines situations. Mais il y a des cas où chacune des parties impliquées dans une transaction a vraiment besoin de savoir à qui elle s'adresse. Donc, ce que je cherche n'est pas de mettre fin à l'anonymat, mais plutôt offrir un moyen qui peut fortement authentifier qui sont les parties en présence", a-t-il expliqué dans un entretien accordé à Reuters.
Vint Cerf a surtout pris en exemple le cas des internautes vivant sous la coupe de régimes autoritaires, comme au Moyen-Orient. Dans ce cas de figure, il est évident que l'usage de la vraie identité sur les réseaux sociaux peut conduire les dissidents en prison. Les dictatures connaissent l'existence des sites communautaires et y cherchent constamment les traces de la moindre contestation.
Dans les autres situations, Vint Cerf plaide pour un juste milieu. "L'utilisation de la vraie identité est utile. Mais je ne pense pas que cela doit être imposé aux gens et je ne pense pas que c'est ce que nous faisons", assure-t-il. Aussi critiquable soit-elle, la politique de Google n'a en tout cas pas conduit le groupe dans les mêmes ennuis que ceux où Facebook se trouve actuellement outre-Rhin.
Si Google n'impose rien selon Vint Cerf, de fortes incitations sont néanmoins constatées. L'entreprise suggère ainsi l'emploi de la vraie identité sur YouTube et s'est fendue d'une longue FAQ pour expliquer l'intérêt du nom complet sur Google+. Idem sur Google Play, avec une modification récente : les pseudonymes sont désormais masqués.
Peut-être que Google n'impose rien. Le groupe se montre en tout cas très insistant.
( photo : CC BY Veni Markovski )
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