Après la Corée du Nord en janvier, Eric Schmidt se rendra à la fin du mois en Birmanie. Le déplacement du patron de Google sera essentiellement commercial, dans la mesure où le pays connaît depuis 2011 une lente ouverture politique et économique.

Après cinquante ans de dictature militaire, la Birmanie a vécu un moment historique en 2011 lorsque la junte au pouvoir a cédé la place à un gouvernement civil. Depuis, le pays s'est engagé dans une libéralisation progressive, qui a conduit fin 2012 les États-Unis, l'Union européenne et le Japon à lever les sanctions pesant sur certains secteurs économiques du pays.

Avec l'allégement de l'embargo, les firmes étrangères manifestent un intérêt nouveau pour la Birmanie. Dans le secteur des technologies de l'information et de la communication, le marché à conquérir est évalué à un milliard de dollars. Et les géants occidentaux sont bien décidés à prendre leur part, à commencer par Google. Son président, Eric Schmidt, doit d'ailleurs effectuer un déplacement à la fin du mois.

Contrairement au voyage réalisé en Corée du Nord deux mois auparavant, où il a été question d'Internet ouvert et de droits fondamentaux, celui programmé au Myanmar aura un aspect commercial beaucoup plus prononcé. Si Eric Schmidt en profitera vraisemblablement pour faire un travail d'évangélisation, en vantant les mérites d'Internet, ce sera surtout l'occasion d'étudier les débouchés économiques pour Google.

L'ouverture du pays, bien que réelle, demeure timide. L'influence des militaires constitue un frein considérable pour l'émancipation birmane. Dans son classement 2012, RSF a listé ce pays dans la catégorie des pays ennemis de l'Internet. L'association notait que "l'assouplissement du régime se traduit par une amélioration de la situation de l'information sur Internet, même si la surveillance reste étroite".

"La communauté internationale et les défenseurs birmans des droits de l’homme doivent rester vigilants et continuer de faire progresser les libertés. L’une des priorités est de revoir le cadre législatif, liberticide. Le chemin à parcourir est encore long mais les réformes engagées semblent difficilement réversibles", ajoutait Reporters Sans Frontières.

Signe de l'assouplissement politique et économique, deux licences de téléphonie mobile vont être prochainement accordées à des opérateurs étrangers. Aujourd'hui, les estimations du taux d'équipement de la population birmane (54,5 millions de personnes) en téléphones portables évoquent le chiffre de 9 %. Le gouvernement souhaite atteindre 80 % d'ici 2016.

Si Google s'intéresse à la Birmanie, d'autres groupes américains sont également à la manœuvre. Le Wall Street Journal signale que l'agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a conduit une délégation avec des représentants de Google, Intel, HP, Microsoft et Cisco, qui a d'ailleurs commencé à investir dans le pays, pour rencontrer le gouvernement et les entrepreneurs birmans.

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