Que faut-il faire primer, entre la rapidité d'affichage des pages web demandées, et le respect absolu de la neutralité du net ? SFR semble avoir arbitré en faveur de la première, si l'on en juge par la découverte faite par Bluetouff sur Reflets.info. Le blogueur a en effet remarqué qu'en utilisant une connexion 3G fournie par SFR, l'opérateur "injecte dans le code HTML, fort probablement par le biais de proxys, des choses qui n’ont pas à s’y trouver dans la définition que nous nous faisons d’un Internet propre et neutre qui se respecte".
Concrètement, SFR modifie le code HTML des pages web pour que certains appels de contenus pointent, non pas vers les URL d'origine prévues par les développeurs des sites concernés, mais vers un serveur proxy qui permet à l'opérateur de délivrer ces mêmes contenus plus rapidement, et à moindre frais. Or le principe de respect de la neutralité du net interdit de modifier le contenu des messages échangés, donc d'injecter ou de modifier du code HTML à la volée. Y compris lorsque l'intention est d'améliorer l'expérience finale de l'internaute.
Par le passé, SFR a déjà eu recours à ce genre de techniques pour dégrader la qualité des images chargées depuis un réseau mobile, de façon à les rendre plus légères et donc plus rapides à charger, ce qui a aussi pour bénéfice de limiter la saturation du réseau.
Consultant réseau et télécoms, Jérôme Nicolle assure sur la mailing-list FrNOG qu'il n'y a "rien de nouveau dans la compression sur les proxy transparents", et que c'est même "nécessaire pour un usage grand public sur un réseau EDGE". Mais il reconnaît que l'opérateur devrait faire preuve de transparence pour indiquer qu'il met en place cette mesure.
C'est tout le problème de la solution tiède retenue par le Conseil National du Numérique dans sa proposition de la loi sur la neutralité du net. Plutôt que d'imposer le respect strict de la neutralité du net, sanctions à l'appui, le CNNum se contente d'appeler les opérateurs à délivrer les messages dans des conditions "non-discriminatoires, équitables et transparentes". Or, à condition que la modification du code HTML soit rendue publique par l'opérateur, l'usage d'un proxy serait certainement jugé "équitable" au regard des problématiques techniques et économiques sur la 3G, et "non discriminatoire" puisqu'elle vise tous types de pages HTML sans distinction.
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