Une semaine après la publication d'un rapport sur la visibilité des services licites face aux sites illégaux lors d'une requête passée dans un moteur de recherche, la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet a publié un autre compte-rendu consacré cette fois à la qualification et quantification des contenus de YouTube.
Musique
Publié ce jeudi, le rapport (.pdf) ne délivre pas de conclusions particulièrement surprenantes. Oui, les contenus musicaux sont fortement présents sur la plateforme américaine. Oui, ils sont très prisés par les usagers. Des artistes comme Psy, Justin Bieber, Eminem, Lady Gaga, Rihanna ou encore Katy Perry totalisent des centaines de millions de vues. Pour ne pas dire des milliards.
Ainsi, les clips "totalisent en moyenne 40 000 vues par jour" selon les mesures réalisées sur l'échantillon du département recherche, études et veille (DREV), qui l'a constitué avec plus de 3000 vidéos. Les versions officielles de ces clips, c'est-à-dire lorsqu'ils sont hébergés sur les comptes des labels, atteignent en revanche "plus de 110 000 vues en moyenne par jour".
L'affaire des vues truquées
Le rapport de la Hadopi n'aborde pas en revanche la décision de Google de retirer plus de 2 milliards de vues aux principales majors afin de les sanctionner pour l'usage de robots et autres outils interdits par ses conditions générales d'utilisation. Ces techniques auraient été employées pour atteindre un maximum de vidéos vues et ainsi empocher abusivement des revenus supplémentaires.
Bien que l'intervention de Google date de décembre et l'étude de mars, rien ne permet d'affirmer que cette pratique a définitivement disparu de YouTube. En conséquence, les mesures réalisées par le DREV sont à prendre avec précaution car les moyennes relevées pour les clips, notamment officiels, ne sont peut-être pas toutes issues de vues naturelles.
Vidéo
Après les contenus musicaux, l'enquête conduite au nom de la Hadopi relève que la catégorie regroupant les parties de films organisées de sorte à en permettre le visionnage complet est également très prisée. Si les clips musicaux représentent 13 % de l’ensemble des contenus, les films découpés en séquences pèsent près de 9,65 % du total de l'échantillon (12 000 vues en moyenne par jour).
Dans son rapport, la Hadopi se garde bien de qualifier la nature de ces contenus. Or, les contenus légaux sont d'ordinaire publiés en un seul bloc : le documentaire Home de Yann Arthus-Bertrand est par exemple disponible en entier, sans aucun découpage. Idem pour les films proposés à la location. Par déduction, les films découpés et envoyés sur YouTube sont a priori mis en ligne sans autorisation.
La méthodologie
On peut regretter que l'étude se soit limitée au seul YouTube, ignorant toutes les autres plateformes d'importance. Si le service américain est certes le plus populaire, une analyse étendue à d'autres solutions n'aurait pas été dénuée de sens, même si YouTube concentre quelques spécificités (les majors, par exemple, privilégient YouTube pour les clips officiels). La Hadopi précise toutefois qu'une étude similaire consacrée à Dailymotion est programmée.
L'échantillon a rassemblé plus de 3000 vidéos par processus aléatoire (méthode statistique "random walk"). Seules les vidéos publiques ont été prises en compte, la Hadopi précisant que la surreprésentation potentielle de certaines vidéos, la limitation aux vidéos publiques, la non localisation des contenus et son influence sur leur popularité, et la catégorisation ont pu jouer sur les résultats.
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