Lorsqu'un site internet devient un espace de communication aussi central que YouTube, doit-il toujours rester maître de sa politique de modération des contenus, ou doit-il se plier aux seules limites à la liberté d'expression imposées par la loi ? En France, la question s'est posée en filigrane dans le récent rapport du Conseil National du Numérique sur la neutralité du net, qui a suggéré d'étendre le principe de neutralité aux acteurs du web dont les services sont tellement dominants que leur usage "relève presque du service public". Il est possible de se poser la question concernant YouTube, qui est utilisé chaque mois par un milliard d'internautes, et qui est donc devenu incontournable.
En Espagne, la question fait polémique après la suppression du compte d'un passionné de tauromachie, dont les nombreuses vidéos publiées depuis 5 ans sur YouTube ont été supprimées sans préavis par les équipes de Google. "Au total, sa chaîne comptait 1500 vidéos, 3000 abonnés et 18 millions de visites", rapporte le Huffington Post qui indique que plus de 4000 personnes ont signé une pétition réclamant le retour en ligne du compte supprimé.
Dans son règlement, YouTube interdit les vidéos "représentant des actes répréhensibles, tels que les mauvais traitements infligés à des animaux", et exclut "les images violentes ou la violence gratuite". Pour YouTube, la ligne rouge est donc franchie dans les images qui montrent des taureaux transpercés par les banderilles des toréadors.
Or même si ces images sont acceptées dans la culture espagnole, Google souhaite imposer sur YouTube ses seules règles universelles imposées partout dans le monde, sans faire d'exceptions. Quitte à générer en Espagne des accusations de censure, et à devoir se justifier de laisser en ligne encore de nombreuses vidéos de tauromachie que beaucoup jugent insoutenables.
En France, la loi interdit en principe toute cruauté sur les animaux. Mais il existe une loi d'exception qui autorise la corrida et les combats de coqs depuis 1963, au nom de la "tradition ininterrompue". La tauromachie a même été inscrite au patrimoine immatériel français en 2011, par une décision de l'ancien ministre de la culture Frédéric Mitterrand.
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