C’est un constat que vous avez certainement déjà dû faire en feuilletant distraitement les pages d’un magazine masculin ou en parcourant un quelconque titre de la presse féminine : les personnes s’étalant à longueur de revues sont bien différentes de celles que l’on peut croiser tous les jours. Elles ne semblent souffrir d’aucun défaut : jambes galbées, teint éclatant, silhouette avantageuse, dents parfaitement blanches…
Vous vous en doutez, ces personnes ne sont pas tout à fait réelles. Leurs photos sont en effet passées par le tamis d’un logiciel de traitement d’image, dont Photoshop est le plus célèbre de sa catégorie, pour qu’elles correspondent parfaitement aux canons de beauté actuels, en retirant ici un bourrelet disgracieux, en gonflant là une poitrine un peu trop menue, et ainsi de suite.
Sauf que tous ces beaux jeunes hommes et tous ces belles jeunes femmes mentent aux lecteurs et lectrices de ces périodiques en leur projetant une image erronée du corps humain. Or, cela peut avoir des effets délétères sur le comportement d’individus fragiles ou facilement influençables, notamment pendant l’adolescence, en les incitant subrepticement à se caler à des standards esthétiques inaccessibles.
Face à cette problématique, le gouvernement a pris la décision d’imposer, à partir du 1er octobre 2017, la mention « photographie retouchée » sur tous les clichés à usage commercial, « lorsque l’apparence corporelle des mannequins a été modifiée par un logiciel de traitement d’image, pour affiner ou épaissir leur silhouette », explique le ministère de la santé.
Une mention obligatoire à partir d’octobre
« L’exposition des jeunes à des images normatives et non réalistes du corps entraîne un sentiment d’autodépréciation et une mauvaise estime de soi pouvant avoir un impact sur les comportements de santé », rappellent les services du ministère. Il faut donc agir « agir sur l’image du corps dans la société pour éviter la promotion d’idéaux de beauté inaccessibles et prévenir l’anorexie chez les jeunes ».
En conséquence, le décret n° 2017-738 du 4 mai 2017 « relatif aux photographies à usage commercial de mannequins dont l’apparence corporelle a été modifiée » a été publié au Journal officiel ce vendredi 5 mai. Il précise les modalités d’application de l’article L2133-2 du code de la santé publique, adopté dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé (n° 2016-41 du 26 janvier 2016).
Internet est concerné
Que dit le décret ?
Que les obligations de l’article L2133-2 sont applicables « aux photographies à usage commercial de mannequins insérées dans des messages publicitaires diffusés notamment par voie d’affichage, par voie de communication au public en ligne […], dans les publications de presse […], dans la correspondance publicitaire destinée aux particuliers et dans les imprimés publicitaires destinés au public ».
En revanche, la télévision n’est pas concernée.
Le décret poursuit en exigeant que la mention sur la photo soit « apposée de façon accessible, aisément lisible et clairement différenciée du message publicitaire ou promotionnel ». Par ailleurs, « la présentation des messages [doit respecter] les règles et usages de bonnes pratiques définis par la profession, notamment par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité ».
C’est à l’annonceur de veiller au respect de ces obligations et de vérifier que les photos qu’il achète ont fait l’objet ou pas d’une retouche sur Photoshop (ou sur tout autre outil de modification d’image). En cas de non-respect de ces dispositions, la loi prévoit une amende de 37 500 euros, voire atteindre jusqu’à presque un tiers (30 %) des dépenses consacrées à la publicité par l’annonceur.
Le problème de la représentation faussée du corps humain dans la publicité fait l’objet d’un relatif consensus entre la gauche et la droite. En 2009, on se souvient qu’une députée UMP avait déposé une proposition de loi dotée concernant les photos retouchées des célébrités. L’objectif annoncé était de renforcer la santé publique, en évitant notamment que les jeunes filles suivent des critères de beauté intenables.
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