Qui ne connaît pas encore l'existence de la station hertzienne de Pierre-sur-Haute ? Depuis samedi, l'installation militaire située dans le département de la Loire a en effet une notoriété nationale, pour ne pas dire internationale. Il faut dire que la DCRI a fortement contribué à sa médiatisation en cherchant à obtenir de force la suppression de l'article Wikipédia consacré à cette base.
Jusqu'à présent, l'article sur la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute était très peu visité. Créé en 2009, il n'est repéré par les autorités françaises qu'en 2013. Suite au refus de la fondation Wikimédia de suivre ses instructions, la DCRI n'ayant pas motivé sa demande, le service de renseignements change de tactique et décide de passer par l'un des représentants de la version francophone de l'encyclopédie.
Pression, effet Streisand
Mais en cherchant à faire pression sur un contributeur bénévole disposant des droits d'administrateur pour qu'il retire la page du site, la DCRI a finalement obtenu l'effet inverse de celui escompté. Non seulement l'article est toujours accessible, mais il a été fortement amélioré depuis. Plus de 390 éditions ont eu lieu depuis le 5 avril et l'article a été adapté dans 24 autres langues.
Quatre jours après la médiatisation des faits, la police nationale paraît quelque peu désemparée. Le représentant du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), Emmanuel Roux, a toutefois accepté de répondre aux questions du Point et d'évoquer avec l'hebdomadaire les éventuelles suites qui peuvent être données à cette affaire.
Coopération judiciaire, blocage
"Le parquet de Paris va probablement relancer la coopération judiciaire, à destination des pays sur le territoire desquels Wikipédia publie ces informations", explique-t-il. Faut-il comprendre que les autorités comptent établir autant de contacts qu'il y a de versions différentes de l'article sur Wikipédia ? L'article est aujourd'hui disponible dans une vingtaine de langues. Le travail s'annonce herculéen.
"L'un des moyens juridiques, en France, serait que les différents opérateurs internet reçoivent l'ordre judiciaire de bloquer l'accès aux pages concernées", poursuit-il. "Nous n'avons cependant aucune légitimité pour préconiser une solution plutôt qu'une autre", rappelant plus loin que "le format numérique des informations sur Internet rend ces actions judiciaires inefficaces".
L'attitude de la DCRI
Rétrospectivement, n'aurait-il pas mieux valu procéder autrement voire laisser la page dans les abysses de Wikipédia ? Emmanuel Roux n'est pas d'accord. "Ce sont des informations confidentielles qui peuvent concerner la dissuasion nucléaire française", ajoutant que certains passages étaient trop précis à son goût en donnant, par exemple, "des taux de résistance de matériaux".
"Ce n'est pas la DCRI qui a fait une mauvaise opération. La DCRI est tenue de dénoncer au parquet toute infraction qu'elle constate", poursuit-il. La DCRI a agi "sur instruction du parquet de Paris", notamment lors de la convocation du bénévole. "S'il avait refusé d'obtempérer, le parquet aurait décidé des poursuites pénales. […]. Nous ne sommes pas dans la négociation du droit, nous l'appliquons !".
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