Le FBI vient de perdre son directeur. Nommé en septembre 2013 par Barack Obama, James Comey a été viré sans préavis mardi 9 mai par Donald Trump. Raison officielle ? Celui qui a un temps servi comme procureur général adjoint des États-Unis aurait très mal géré l’affaire des e-mails de Hillary Clinton. Son tort ? Il se serait montré beaucoup trop transparent sur ce dossier et aurait commis plusieurs fautes.
Dans ce dossier, James Comey naviguait il est vrai dans des eaux inexplorées. Pour la première fois de son histoire, le FBI était en train d’enquêter sur une candidate faisant figure de favorite dans la campagne présidentielle américaine. Et dans ce contexte de forte tension politique, les conclusions du FBI allaient être d’une façon ou d’une autre instrumentalisées.
Cela n’a pas manqué.
Lors d’une conférence de presse tenue l’été dernier, l’ancien directeur du FBI avait considéré que Hillary Clinton, pour avoir utilisé un serveur de courriels privé dans le cadre de ses fonctions, avait agi avec une « extrême négligence ». Sauf que pour autant, cette faute ne justifiait pas l’ouverture de poursuites judiciaires, au grand dam des Républicains, qui espéraient bien la faire sortir du jeu.
Rebelote en fin d’année.
En octobre, le FBI a décidé de rouvrir brièvement l’enquête sur Hillary Clinton, à peine quelques jours avant l’élection présidentielle américaine. Puis, deux jours avant, la police fédérale a rendu les conclusions de son enquête, en précisant encore une fois que la candidate démocrate ne sera pas poursuivie. Et cette fois, c’est le camp démocrate et Hillary Clinton qui ont critiqué le FBI, jugeant le timing défavorable pour leur campagne.
Pour le New York Times, ce sont Jeff Sessions, le procureur général des États-Unis, et Rod Rosenstein, son adjoint, qui ont poussé Donald Trump à virer Comey. « Je ne peux défendre la façon dont le directeur a géré la conclusion sur l’enquête au sujet des mails de la secrétaire d’État Clinton. […] Et je ne comprends pas son refus d’accepter le jugement presque unanime disant qu’il se trompait », lit-on dans un courrier que la Maison Blanche a diffusé ultérieurement.
C’est donc sur la base de ces éléments rassemblés dans un mémo et au nom de la nécessité de « restaurer la confiance » des Américains envers le FBI que Donald Trump a décidé d’éjecter le patron de la police fédérale. Une décision qui a évidemment déclenché un tollé outre-Atlantique, de Bernie Sanders à Edward Snowden, en passant par certaines des plus puissantes organisations de défense des libertés publiques.
Restaurer la confiance en virant le patron du FBI
« La décision de Donald Trump de licencier le directeur du FBI James Comey soulève de graves questions sur ce que son administration est en train de cacher », a réagi le candidat malheureux de l’élection présidentielle américaine. « Mettons de côté la politique : chaque Américain devrait condamner une telle interférence politique dans le travail du FBI », a commenté le lanceur d’alerte, pourtant dans le collimateur du Bureau.
« Le limogeage par le président Trump d’un directeur du FBI en place tire une sonnette d’alarme pour notre système de contrôle et contrepoids », s’est inquiétée l’union américaine pour les libertés civiles. Quant au sénateur démocrate Ron Wyden, membre de la commission du renseignement, il estime opportun d’installer une audience publique sur le statut de l’enquête sur les liens entre la Russie et l’administration Trump.
Et James Comey « devrait être immédiatement appelé à témoigner ».
Liens troubles avec la Russie
Car voilà le vrai problème. Le directeur du FBI n’enquêtait pas seulement sur l’affaire des mails de Hillary Clinton. Il travaillait aussi pour mettre au clair d’éventuels liens entre une partie de l’équipe de campagne de l’actuel président américain et des agents russes qui ont été accusés de déstabiliser celle de son adversaire, par de la désinformation et des actions de piratage.
Or, si le directeur du FBI a bien été renvoyé à cause de ses déclarations passées, pourquoi n’a-t-il pas été viré sur le champ ? Pourquoi a-t-il fallu attendre des mois et des mois ? C’est la question qui se pose aujourd’hui aux États-Unis car le timing est pour le moins très étrange. Cette décision ne va en tout cas apaiser les doutes sur une influence russe au plus haut sommet de l’État américain.
Ni dissiper ce parfum de Watergate-like qui commence à envahir l’atmosphère.
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