En marge du développement du HTML5, le W3C se penche sur la conception d'extensions pour médias chiffrés. Autrement dit, l'organisme de normalisation travaille à introduire des DRM au sein du HTML5. Une information qui alarme de nombreuses organisations, qui se sont regroupées en coalition pour s'opposer à ce projet. Elles ont écrit une lettre au président du W3C pour l'inviter à rejeter l'arrivée des verrous numériques au sein des standards du web.

Fin décembre, l'organisme de normalisation W3C a achevé l'écriture des spécifications du HTML5. Désormais, il s'agit de les peaufiner en vue de leur implémentation future. Les éléments écartés au cours de ce processus ne seront pas abandonnés. Ils seront progressivement ajoutés via des révisions futures : HTML 5.1, HTML 5.2…. La première version, HTML 5.0, doit être fin prête pour 2014.

En marge du développement du HTML5, le W3C planche depuis fin février sur un tout autre projet autrement plus controversé. Il s'agit ni plus ni moins de permettre l'utilisation des mesures techniques de protection (DRM) au sein du HTML5. Ou, pour le dire plus crûment à la manière de l'APRIL, d'autoriser les industriels à déployer des menottes numériques dans les standards du web.

À l'état de brouillon, le projet en cours d'élaboration par le W3C vise à concevoir des extensions pour médias chiffrés (Encrypted Media Extensions, EME). Plusieurs membres du W3C sont favorables à ces DRM d'un genre nouveau, à commencer par Google, Microsoft et Netflix. Selon la Free Software Foundation, leurs liens avec l'industrie du divertissement sont en cause.

Très inquiète des travaux conduits parle W3C, une coalition de 27 organisations a rédigé une lettre à l'intention de Tim Berners-Lee, considéré comme le père du web et actuel président de l'organisme. l'APRIL, l'association Creative Commons, l'EFF, la FSF, la Free Culture Foundation, l'Open Knowledge Foundation et plusieurs mouvements pirates (Allemagne, Canada, Royaume-Uni, Suède) ont signé la missive.

Traduite en intégralité par l'APRIL, la lettre juge le projet EME "désastreux" car il est tout simplement "incompatible avec les principes érigés par le W3C". Les DRM "restreignent les libertés publiques, au delà même de ce que les lois les plus extrêmes portant sur le droit d'auteur exigent, au bénéfice perçu de ces quelques privilégiés". L'interopérabilité serait alors sacrifiée.

"Ratifier l'EME serait renoncer à ses responsabilités. Cela nuirait à l'interopérabilité, entérinerait l'intégration de logiciels non-libres au sein des standards du Web et pérenniserait des modèles économiques oppressants", poursuivent les signataires. "EME n'a pas d'autre but que celui de fournir un point d'appui dans le HTML pour y bâtir des restrictions numériques".

Rejetant les arguments avancés par les partisans du projet EME, la coalition invite le W3C à abandonner ses travaux sur ce sujet. Car, rappelle la coalition, "il y a de nombreux exemples dans la courte histoire des menottes numériques de tels systèmes ouvrant des failles de sécurité ou réalisant autrement bien plus qu'annoncé, à l'insu des utilisateurs".

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