Emmanuel Macron s’est-il intéressé aux positions d’Edouard Philippe concernant le web ? Peut-être pas, et pourtant, c’est à nos yeux une particularité de ce nouveau premier ministre. En effet, le futur locataire de la chancellerie a marqué le quinquennat précédent par des engagements forts pour le respect des libertés individuelles sur le web à deux moments importants.
Contre la loi de programmation militaire
Nous sommes au début du quinquennat Hollande lorsque la Loi de programmation militaire inquiète par son article 13. Promulguée par le gouvernement Ayrault, cette réforme contient une autorisation pour l’État de procéder à des collectes sur les réseaux, en temps réel et sans contrôle judiciaire. Dénoncée dans l’hémicycle, la loi entraine une saisine du Conseil Constitutionnel par le groupe d’opposition, alors UMP. Parmi les soixante députés ayant saisi les sages pour faire vérifier la constitutionnalité du texte du gouvernement socialiste, nous trouvons Edouard Philippe. En fin de compte, le président du groupe de droite finit par bloquer la saisine, mais derrière M. Bertrand, le nouveau premier ministre fait figure de frondeur dans sa famille politique sur la question du web.
Contre la loi renseignement
Une coïncidence provoquée par une démarche d’alliances ? Probable, toutefois, le Maire du Havre récidive en 2015 avec la Loi Renseignement. Il vote contre la loi, comme seulement 35 députés UMP (sur 198). Et se fendait, dans Atlantico, d’une tribune le 8 avril 2015 sur les libertés individuelles. Notons qu’il se félicitait à l’époque de « l’unité nationale » créée par le gouvernement — une idée qui fera son chemin jusqu’à Matignon visiblement — mais tançait les dérives d’un texte « voté dans l’urgence ».
Le député se questionne alors, avec une précision technique toujours bienvenue dans la bouche d’un élu : « Croit-on réellement que l’instrumentalisation des hébergeurs et des prestataires de cryptologie, que le blocage des sites et la surveillance systématique des données personnelles – pardon, il ne s’agirait que des données de connexion ! – suffiront à réduire un adversaire qui dispose dorénavant de bases territoriales étendues, de moyens financiers significatifs et de solidarités nombreuses et actives ? »
« pardon, il ne s’agirait que des données de connexion ! »
Le Premier Ministre œuvrera-t-il à la mise à mort du fichier TES comme l’a appelé Mounir Mahjoubi ? L’avenir nous le dira. Notamment son avenir politique car parmi les tâches qui attendent l’élu de droite, les législatives apparaisse comme la première urgence. Il devra assurer à M. Macron une majorité présidentielle alors que la France n’a pas encore tranché l’équilibre politique des cinq ans à venir.
De son côté, Twitter (et nous avec) s’amuse de sa ressemblance avec Trevor, le personnage complètement barré de GTA V.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !