Mise à jour : le président des États-Unis a confirmé sur Twitter (qui devient petit à petit le canal privilégié des relations internationales de la Maison Blanche) qu’il avait bien partagé les informations mentionnées et qu’il en avait le droit. Contre-disant au passage tous ses conseillers qui ont démenti l’information un peu plus tôt.
L’ombre du limogeage de Comey, à la tête du FBI, n’est pas encore dissipée dans le Bureau Ovale que déjà, la presse américaine rajoute de la confusion aux relations entre Trump et la Russie.
Le Washington Post a en effet publié une large enquête très embarrassante pour la présidence, remettant en question la crédibilité du chef d’état. Dans celle-ci, on apprend que durant la très polémique rencontre avec M. Lavrov, chef de file de la diplomatie russe et ministre des affaires étrangères de M. Poutine, Donald Trump, pour impressionner son auditoire, aurait communiqué des informations secret défense aux Russes présents.
Des tablettes qui explosent, un secret de haut vol
Le Président américain aurait cherché, toujours selon le quotidien de la capitale, à mettre en avant les informations et la crédibilité de son renseignement sur le dossier de l’état islamique auprès des forces russes. Les journalistes américains indiquent que l’information ici partagée concernerait les futurs modes opératoires des terroristes.
Selon les informations divulguées par M. Trump, les forces de l’état islamique se prépareraient à utiliser des ordinateurs portables et des tablettes pour dissimuler des explosifs dans des avions de ligne. Ce tuyau du renseignement serait bien sûr à l’origine des nouvelles réglementations américaines pour les compagnies du Moyen-Orient — petit à petit déployées en Europe.
Toutefois, l’information que les renseignements américains ont livré à M. Trump ne vient pas directement de sources américaines. En effet, toujours selon le WaPo, la source de l’information viendrait d’un pays allié et non des États-Unis.
Or compte tenu de la situation très complexe qui entoure l’EI en Syrie comme en Irak, cet allié américain pourrait très bien ne pas être un allié russe. De facto, la livraison aux Russes de l’information pourrait permettre à ces derniers de remonter à la source de l’informateur, quitte à mettre en danger ses opérations et celles de son pays.
Par ailleurs, le partenaire en question n’aurait donné aucune autorisation à Washington pour livrer ces informations à Moscou. Ce dernier pourrait vite se retrouver piégé par les révélations imprudentes de M. Trump puisque le POTUS aurait même indiqué à la délégation russe le nom de la ville dans laquelle « le partenaire des services secrets a détecté la menace. »
La proche garde du locataire de la Maison Blanche, de l’influent et peu russophile Rex Tillerson à H. R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale, a déjà démenti l’enquête du quotidien, jugeant qu’il s’agissait d’une fausse histoire.
Néanmoins, le bras de fer entre la presse et l’administration Trump pourrait durer si les informations sont confirmées à l’avenir. Le quotidien ayant assuré son recoupement auprès des services secrets, l’enquête peut déboucher sur une déstabilisation durable du président sur la scène internationale.
Les commentaires des sources du WaPo vont par ailleurs dans ce sens, comme ce haut responsable qui tacle Donald Trump pour avoir « révélé plus d’informations à l’ambassadeur russe que nous n’en avons partagées avec nos propres alliés ».
Notons que M. Trump ne court aucun risque légal si les informations du journal sont confirmées. Le POTUS a une marge de manœuvre conséquente sur la classification des informations confidentielles qui lui permet de parler aux Russes des dossiers américains. Toutefois, en dehors de la confusion déjà existante sur la question russe, M. Trump risque de priver son renseignement de nombreux tuyaux dans les années à venir en trahissant ses services et ses alliés.
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