Ce jeudi, Mounir Mahjoubi, ancien du CNNum et soutien d’Emmanuel Macron, a pris ses fonctions de secrétaire d’État au numérique dans un environnement changé. En effet, lors de sa nomination par Alexis Kholer, nous apprenions que le portefeuille ministériel de Mahjoubi était rattaché à la chancellerie et non à Bercy comme ce fut le cas sous la mandature socialiste.
Des chantiers multiples et transversaux
Ainsi, à la différence de Mme Lemaire et M. Sirugue, M. Mahjoubi sera sous la tutelle du premier ministre et conduira une action interministérielle. Le jeune secrétaire d’État s’est réjoui de ce changement lors de sa prise de fonction : selon lui, le numérique ne doit pas être l’apanage du navire administratif du Ministère de l’Économie, mais un projet central pour le gouvernement, coordonné depuis Matignon.
Le jeune homme a illustré ce rôle en expliquant qu’il lui faudra être en mesure de « passer les murs » pour défendre ses priorités numériques dans les différents ministères.
Celui qui détaillait à Numerama, avant le premier tour, les chantiers numériques du candidat Macron devra désormais en assurer l’exécution et surtout les arbitrages auprès de M. Philippe, premier ministre.
Lors de son premier discours, le fondateur de La Ruche qui dit Oui est par exemple revenu sur le chantier de la transition numérique des TPE/PME. Un dossier qui avait occupé le CNNum lors de la mandature précédente. Toutefois, M. Mahjoubi n’avait pas obtenu les arbitrages souhaités pour concrétiser ce dossier, il détaillait : « Le premier sujet qui nous [En Marche] semble inévitable est celui de la transition numérique des TPE/PME : rien n’aura été fait durant ces cinq ans et nous avons même reculé selon les classements européens en matière de connexion des entreprises. »
Le nouveau secrétaire d’État a également évoqué le travail de M. Sirugue sur l’Intelligence Artificielle. Si M. Macron ne s’est guère étendu sur cette problématique durant sa campagne, elle ne devrait pas être mise de côté par le nouveau gouvernement. Plaidant pour la continuité sur ce dossier, M. Mahjoubi a précisé que sa responsabilité « va être de donner une réalité » aux propositions précédemment faites. Rappelons que le rapport de M. Sirugue chiffrait l’investissement à réaliser dans l’intelligence artificielle à hauteur de 1,5 milliard d’euros.
Les problématiques d’inclusion numérique et de la transformation de l’État ont également été au rendez-vous du premier discours du Secrétaire d’État. Celui qui déclarait récemment que 100 % des démarches administratives devraient être réalisables en ligne a confirmé cet objectif. Ce qui s’agira certainement d’un combat de très longue haleine, non pas avec seulement avec son premier ministre mais aussi avec les administrations concernées et rétives. Administrations qui ont été chahutées indirectement par le jeune homme qui s’en est pris au « manque de compétences numériques » des services de l’État.
Le numérique, une pirogue qui quitte le navire Bercy
Il demeure en revanche une incertitude forte concernant les dossiers qui attendent le nouveau secrétaire d’État. M. Mahjoubi a pris soin de ne mentionner ni le marché unique du numérique (dossier européen), ni l’épineux dossier des télécoms sur lequel le gouvernement a promis plus de dureté auprès des opérateurs pour accélérer le déploiement du très haut débit.
Le flou entretenu sur les dossiers brûlants du numérique vient souligner l’absence, pour le moment, de périmètre clair du nouveau secrétariat. En effet, en quittant Bercy, M. Mahjoubi devrait logiquement laisser derrière lui l’Agence du Numérique qui, par exemple, chapeaute la question du très haut débit mais également l’innovation, qui a rejoint le portefeuilles de la recherche. Certains dossiers pourraient alors être de la responsabilité de M. Le Maire, nouveau Ministre de l’Économie.
En attendant les décrets qui viendront fixer, pour de bon, les nouveaux périmètres ministériels, M. Mahjoubi est d’ores et déjà sur le terrain pour les législatives. Candidat face à M. Cambadélis (et sa palette) dans le 19e arrondissement, le jeune entrepreneur jouera le 18 juin sa place au gouvernement.
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