Twitter a-t-il joué un rôle déterminant dans l’accession au pouvoir de Donald Trump, en lui offrant une caisse de résonance absolument unique pour se faire entendre (et connaître) des électeurs ? Et ainsi faire parler de lui dans les médias par ses inénarrables interventions publiques ? Si c’est le cas, alors Evan Williams, le cofondateur de Twitter, vient de s’en excuser.
« S’il s’avère qu’il n’aurait pas été président sans Twitter, alors oui, je suis désolé », a-t-il lâché, dans des propos rapportés par le New York Times.
Evan Williams n’est pas le seul à reconnaître qu’il existe un lien entre Donald Trump et Twitter. L’intéressé a lui-même reconnu que les réseaux sociaux « l’ont aidé à gagner ». Et si Evan estime que cette relation place de fait le réseau social dans une position inconfortable, Jack Dorsey, un autre cofondateur de Twitter, a une opinion plus mesurée, car Donald Trump fait indirectement la promotion du site, même s’il reconnaît qu’entre son service et le président des États-Unis, c’est « compliqué ».
Lorsque Barack Obama était encore au pouvoir, il avait essayé d’aider la campagne de Hillary Clinton en pointant l’incapacité de Donald Trump à maîtriser son activité sur les réseaux sociaux : « si une personne est incapable de gérer un compte Twitter, elle ne sera pas non plus capable de gérer le pouvoir nucléaire », faisant ainsi directement référence à la stature du candidat républicain qui s’il l’emporte, sera en charge des armes nucléaires américaines.
Même l’équipe de campagne de Donald Trump avait commencé à trouver que son activité débridée sur Twitter risque de nuire à terme à sa campagne. Dans les derniers jours, elle avait fini par décider de priver le candidat de son accès au site communautaire pour éviter tout risque de sortie polémique qui pourrait retourner l’opinion publique contre lui. Hélas, maintenant qu’il est président, difficile de lui dicter sa conduite.
Sans les tweets, Trump pense qu’il n’en serais pas là
L’impression que Twitter a été crucial dans la montée en puissance de Donald Trump n’est pas partagée uniquement par Evan Williams et un certain nombre d’observateurs de la vie politique. L’intéressé lui-même le reconnaît : « sans les tweets, je ne serais pas là. J’ai plus de 100 millions d’abonnés entre Facebook, Twitter et Instagram. Plus de 100 millions. Je n’ai pas besoin d’aller voir les faux médias ».
Il est vrai que le format particulier de Twitter — chaque message ne doit pas dépasser les 140 caractères — est propice pour glisser des petites phrases bien senties. Pendant la campagne présidentielle, le président des États-Unis a alimenté pendant des mois les médias avec ses prises de position controversées, ses règlements de compte avec la presse ou le show business, et ses propos inexacts.
Le rôle des médias
Le rôle des médias dans cette ascension est évidemment à interroger : ont-ils assez joué leur mission de contre-pouvoir et de vérification des faits ? Ont-ils donné trop d’audience à une personnalité atypique qui faisait « vendre du papier » sans se rendre compte du poids qu’il était en train de prendre dans les sondages, les débats et la course à la Maison Blanche ?
Cependant, le phénomène Trump sur Twitter est devenu si massif qu’il n’a de toute façon plus besoin des médias pour faire parler de lui. Il est devenu auto-suffisant bien avant la fin de la campagne présidentielle américaine et la presse n’a de toute façon plus le choix : elle est bien obligée de relayer ce que le président américain dit sur Twitter, même si c’est à se cogner la tête contre les murs, puisqu’il représente désormais le pays.
Dernièrement, Donald Trump s’est distingué en affirmant être la personnalité politique la moins bien traitée de toute l’histoire, visiblement sans prendre toute la mesure de la portée qu’un tel tweet allait susciter. Évidemment, ce qui devait arriver arriva : nombreux ont été les internautes à lister les personnalités à avoir davantage souffert de la politique Donald Trump, de Nelson Mandela à Malcolm X, en passant par Gandhi.
Le fait que Donald Trump continue à utiliser Twitter sans tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de prendre la parole a conduit son équipe à intervenir auprès du président il y a quelques semaines, pour lui expliquer que certaines de ses déclarations, notamment celles où il accusait Barack Obama de l’avoir espionné, pourraient l’exposer politiquement et judiciairement, selon le Wall Street Journal.
Il semble ne pas avoir retenu la leçon, puisqu’il y a deux semaines il menaçait l’ancien directeur du FBI, James Comey, qu’il a viré, de révéler des conversations qu’il a eu avec lui s’il se montrait trop bavard. D’où cette interrogation : si Twitter a contribué à porter Trump au pouvoir, aura-t-il un rôle dans sa chute ? La question peut se poser alors que s’est mis à flotter aux USA un parfum d’impeachment…
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