La Commission Européenne a annoncé jeudi le lancement d'une campagne d'investissements publics coordonnés, dans le domaine de la micro et nanoélectronique, avec pour objectif de booster la production de puces électroniques en Europe. Face aux géants américains comme Intel, AMD, Texas Instruments, Qualcomm, Broadcom, ou encore NVidia, l'Europe ne connaît que quelques acteurs de moindre envergure, tel que STMicroelectronics (7ème mondial) et Infineon (12ème).
"Je souhaite doubler notre production de puces informatiques, de sorte qu'elle atteigne près de 20 % de la production mondiale", a indiqué Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission Européenne, en charge de l'agenda numérique. "Je veux que l’Europe produise sur son territoire plus de puces que les États-Unis n'en fabriquent chez eux. L'objectif est réaliste, si nous orientons bien nos investissements", assure-t-elle.
Bruxelles veut donc mobiliser 10 milliards d'euros, dont 5 milliards dans le cadre d'un partenariat public-privé d'une durée de 7 ans. Les trois pôles électroniques européens les plus importants, dont le Pôle Minatec de Grenoble, seront renforcés.
Créer l'après-CMOS
"La stratégie s'articulera autour de trois grands axes complémentaires: réduire le coût des puces (passage aux plaquettes de silicium de 450 mm, celles-ci étant la matière première des puces), accélérer leur production («More Moore») et les rendre plus intelligentes («More than Moore»)", indique Bruxelles.
Il s'agit concrètement de passer de la technologie de production de semiconducteurs CMOS, dont la miniaturisation continue atteint ses limites physiques, à de nouvelles générations basées sur l'électronique quantique, la spintronique, la photonique, ou encore l'électronique moléculaire. Autant de technologies qui font l'objet de recherches fondamentales, que Bruxelles aimerait mettre plus facilement à profit des entreprises du secteur.
La Commission rappelle que "la micro-nanoélectronique constitue une technologie générique clé" (TGC, ou KET ou Key Enabling Technology), lesquelles sont déjà dotées d'un budget prévisionnel de 6,6 milliards d'euros dans le programme Horizon 2020 de l'Union Européenne. Au mois de février dernier, la ministre de la recherche Geneviève Fioraso avait accueilli à Grenoble un conseil interministériel sur les KET, à l'issue duquel elle avait déclaré l'urgence "tout en préservant la recherche fondamentale, (de) développer davantage la recherche technologique et le transfert".
"C'est la condition pour relever le défi d'une ré-industrialisation basée sur les technologies clefs. C'est à ce prix que nous maintiendrons et créerons des emplois dans les nouvelles filières comme dans l'industrie en mutation", ajoutait-elle.
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