C’est donc acté : les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, se désengagent de l’accord de Paris sur le climat. Ils vont rejoindre les deux seuls pays qui ne l’ont pas signé, le Nicaragua et la Syrie. Certes, les États-Unis n’étaient qu’un pays parmi 195 autres à soutenir ce traité international ; il y en a toujours 194 qui le soutiennent. Mais les USA ont un poids particulier.
Les États-Unis sont en effet classés deuxième dans le top 10 des États qui émettent le plus de dioxyde de carbone, derrière la Chine mais devant l’Union européenne, la Russie et l’Inde. C’est pour cette raison que le choix catastrophique de Donald Trump de se retirer de l’accord de Paris a suscité une telle vague d’indignation dans le monde mais aussi dans son pays, notamment du côté de la Silicon Valley.
Sur Twitter, Tim Cook, le patron d’Apple, a déclaré que « la décision de se retirer de l’accord de Paris est une erreur pour notre planète. Apple s’engage à lutter contre le changement climatique et ne renoncera pas ».
Elon Musk, le fondateur de Tesla et SpaceX, qui a essayé jusqu’au bout de faire changer d’avis Donald Trump, en allant jusqu’à mettre sa participation au conseil consultatif dans la balance pour faire pression, a pris acte de la décision du président et fait savoir qu’il quittait toutes les instances auxquelles il participait. « Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique et le monde » a-t-il tweeté.
De son côté, Sundar Pichai, le patron de Google, a exprimé sa « déception » et promis que la firme de Mountain View « continuera à travailler dur pour un avenir plus propre et plus prospère pour tous ».
« Le retrait de l’accord de Paris sur le climat est néfaste pour l’environnement, néfaste pour l’économie et met en péril le futur de nos enfants », a écrit Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. « En ce qui nous concerne, nous nous sommes engagés à ce que tous les nouveaux centres de données que nous construisons soient alimentés par 100% d’énergie renouvelable. Arrêter le changement climatique est quelque chose que nous ne pouvons faire qu’en tant que communauté mondiale et nous devons agir ensemble avant qu’il ne soit trop tard ».
Pour sa part, Amazon a fait parvenir à la presse une déclaration dans laquelle la société indique qu’elle « continue de soutenir l’accord climatique de Paris et l’action sur le changement climatique. Nous croyons que des politiques énergétiques et climatiques robustes peuvent soutenir la compétitivité, l’innovation et la création d’emplois aux États-Unis ».
Microsoft, par la voix de son directeur, Satya Nadella, a déclaré « croire que le changement climatique est un enjeu urgent qui demande une action mondiale. Nous restons engagés à faire notre part ». Il a également relayé le message de Brad Smith, le directeur des affaires juridiques de l’entreprise américaine, qui a rappelé que « nous vivons tous sur une petite planète et chaque nation doit travailler avec les autres pour la protéger ». Brad Smith s’est fendu d’un article plus détaillé revenant sur la décision de Donald Trump.
Plus généralement, le désengagement des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat a fait réagir bien au-delà de la Silicon Valley.
Dans les milieux d’affaire, dans l’industrie ou dans les médias, des réactions de même nature on pu être relevées, comme celle de Robert Iger, le patron de Walt Disney, qui a annoncé son départ des instances consultatives mises en place pour épauler Donald Trump, ou bien celle de Lloyd Blankfein?, le directeur général de Goldman Sachs, l’une des plus puissantes banques d’investissement au monde, qui a jugé que cette décision « est un revers pour l’environnement et pour la position de leader des États-Unis dans le monde ».
Pour justifier le retrait américain de l’accord de Paris sur le climat, Donald Trump a avancé l’argument selon lequel il a été élu par les électeurs de Pittsburgh et non ceux de Paris, et a ajouté qu’il avait promis qu’il quitterait ou renégocierait tout accord ne servant pas les intérêts des États-Unis. Or, chose assez amusante pour être relevée, le maire de Pittsburgh a annoncé… qu’il respecterait le cadre du traité international.
« En tant que maire de Pittsburgh, je peux vous assurer que nous allons suivre les lignes directrices de l’Accord de Paris pour notre population, notre économie et notre avenir », a tweeté Bill Peduto avant d’envoyer une pique à son président : « des faits : Hillary Clinton a reçu 80 % des votes à Pittsburgh. La ville de Pittsburgh se tient aux côtés du reste du monde et suivre l’accord de Paris sur le climat ».
ll s’avère en outre que Donald Trump est assez en décalage avec la volonté populaire de son pays. Une étude relayée sur le site de l’université Yale montre qu’une majorité des Américains de chaque État des USA estime que l’Amérique devrait maintenir sa présence dans l’accord de Paris sur le climat. Plutôt paradoxal pour un président qui se veut le champion des aspirations de la population américaine.
Le retrait des États-Unis de ce traité international est assurément regrettable, ne serait-ce que sur le plan symbolique. Mais s’il y a eu une faillite au niveau de l’État fédéral, tout n’est peut-être pas perdu : des États fédérés commencent à se manifester pour exprimer leur désaccord avec la politique de Washington. les gouverneurs de Californie, de New York et de Washington ont ainsi annoncé la mise en place d’une alliance d’États américains qui veulent respecter l’accord climatique, même officieusement.
En clair, si Washington a échoué à tenir ses engagements envers l’accord de Paris sur le climat, peut-être que ceux-ci seront respectés à un échelon plus local, avec l’implication des États fédérés, des grandes entreprises, des villes d’Amérique et, plus généralement, de la population.
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