L’étau semble se resserrer autour des protagonistes du rapprochement entre Trump et la Russie. Alors que M. Flynn a déjà été mis hors jeu par la presse américaine et que l’on apprend que le président américain aurait voulu empêcher l’enquête du FBI sur Flynn en renvoyant son ancien directeur, c’est aujourd’hui une poignée de proches de Trump qui est dans la tourmente.
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D’autant que la tension est à son comble entre le deep state (expression utilisée par les politologues américains pour décrire l’ensemble des services fédéraux résistant à Trump depuis son investiture) et l’administration Trump : les récurrentes sorties de documents et tuyaux dans la presse apparaissent comme un symptôme de cette rupture. Le leak du Guardian vient ajouter aux remous provoqués par les récentes enquêtes du Washington Post et du New York Times. Le quotidien anglais s’est en effet procuré le témoignage d’une source proche du dossier affirmant que Nigel Farage (ex-UKIP et artisan du Brexit) serait considéré comme un pion de l’affaire liant Trump à la Russie.
Nigel Farage, un pion du dossier Trump — Russie ?
Pour les enquêteurs, si l’ancien homme politique britannique, notoirement connu pour être proche de Trump, n’est pas encore un suspect, il est une person of interest, et détient probablement des informations clefs pour l’enquête. Le FBI regarderait, toujours selon le quotidien anglais, du côté des relations de Farage avec l’entourage de Trump durant la campagne et avec Julian Assange. « Si vous triangulez la Russie, WikiLeaks, Assange et les proches de Trump, la personne qui est au centre du schéma est Nigel Farage », explique la source anonyme au Guardian.
Le 9 mars, Farage rencontrait Assange à Londres. La rencontre devait rester secrète et non médiatisée : malheureusement pour l’ancien leader de l’extrême droite anglaise, un passant avait reconnu Farage et sa photo avait été publiée sur le web alors qu’il se rendait à l’ambassade de l’Équateur. Épinglé par la presse, l’homme politique avait refusé de répondre dans un premier temps, avant d’expliquer qu’il s’agissait d’une interview pour la station LBC pour laquelle il travaille désormais. Malheureusement, les auditeurs de M. Farage n’ont jamais eu la chance de découvrir la teneur de cette rencontre qui intéresse tant le FBI.
Les tentacules d’une enquête explosive
Enfin, Farage est un proche de Roger Stone, spin doctor sulfureux au rôle trouble durant la campagne Trump, qui a reconnu avoir été en contact avec Guccifer, responsable proclamé du hack du parti démocrate américain.
M. Stone est un proche de M. Manafort, directeur de campagne éphémère de la campagne Trump/Pence, également accusé d’avoir eu des liens sensibles avec la Russie avant l’élection américaine. L’ancien spin doctor de Nixon avait en outre annoncé, avant WikiLeaks, la publication des documents du hack.
nouveau tandem potentiellement dévastateur
Avec ce nouvel extrait de l’enquête laissé à la presse, le FBI et ce qui pourrait être considéré comme le deep state américain, semble augmenter la pression sur la Maison Blanche. Le bureau est-il pour autant prêt à réunir les preuves d’un lien direct et véritablement embrassant entre Trump et la Russie ?
Pour beaucoup d’analystes, l’enquête pourrait désormais passer à la vitesse supérieure avec l’appui que va offrir Comey à Bob Mueller, allié de longue date de l’ancien patron du FBI, aujourd’hui à la tête de l’enquête sur la Russie.
Garrett M. Graff (The Threat Matrix: The FBI at War, 2012, non traduit) soulignait ce nouveau tandem potentiellement dévastateur dans Politico (18/05/17) : « Le Président Trump a brutalement limogé Comey dans l’espoir d’éteindre l’investigation sur la Russie ; une semaine plus tard, pourtant, il se trouve en train d’affronter non pas un ancien directeur respecté du FBI mais deux : le premier est un martyr lésé du bureau, le second un enquêteur légendaire sans aucune attache politique. »
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