L'identité de Google a beaucoup changé ces dernières années. Sa philosophie interne aussi. Au risque de perdre son attractivité auprès des développeurs qu'il avait su séduire par sa politique des 20 %. Google s'était en effet rendu célèbre par cette technique d'incitation à l'innovation, qui veut que chaque employé de Google puisse dédier un cinquième de son temps de travail à des projets personnels, qu'il peut ensuite présenter à la société pour qu'ils deviennent des projets soutenus par le groupe.
C'est ainsi que son nés certains des plus beaux succès de Google, comme Gmail, Google Maps, Google Talk, et AdSense. Le désormais défunt Google Reader faisait aussi partie de ces projets issus des 20 %.
Mais les 20 % ne peuvent fonctionner que si les employés sont motivés, et qu'ils ont le sentiment que leur projet sera réellement soutenu par la société au terme de son développement. Or la mort de Google Reader, qui n'est que la dernière d'une longue série de services fermés par la firme de Mountain View ces derniers mois, pourrait porter atteinte à la motivation des employés.
Dans une interview accordée au magazine Forbes, le fondateur de Google Reader Chris Wetherell assure qu'il n'aurait pas créé son agrégateur de flux RSS dans le Google tel qu'il est géré aujourd'hui. "Je détesterais ça, que ce soit mon idée contre Google Plus. Ce serait très frustrant", confie-t-il.
Car c'est devenu tout le problème. Lorsque Reader a vu le jour il y a sept ans, Google était en quête d'innovations permanentes, et lançait des services dans toutes les directions pour voir lesquels fonctionnaient. Il fallait créer des marchés, étendre l'empire au delà de ses frontières naturelles, créer des ruptures technologiques sur des secteurs vieillissants… L'innovation naissait d'une certaine forme d'anarchie. Mais désormais, Google est en quête de cohérence globale. Il a sur lui-même une vision beaucoup plus stratégique, où chaque produit doit être au service d'une vision d'ensemble, ou disparaître. Google Reader n'aurait pas été soutenu, parce qu'il entre en conflit avec l'idée que Google Plus doit être l'endroit où les internautes vont chercher et partager des informations.
Jenna Bilota, qui a travaillé sur Google Reader avec Chris Wetherell (ils ont fondé ensemble Avocado), conseille même aux ingénieurs de Google de garder pour eux les idées qu'ils pourraient développer dans le cadre des 20 %. "Si des gens ont un idée géniale qui les passionne, ça peut presque sembler plus sûr de quitter la société pour protéger votre idée", estime-t-elle. "Quelqu'un pourrait ressentir le besoin de quitter la société plutôt que de trouver un moyen d'explorer (une bonne idée) au sein de Google, et de voir Google dire dans quelques années "peu importe combien de millions de personnes utilisent cette chose, nous avons des préoccupations plus vastes"", ajoute-t-elle.
Elle pense même que la raison pour laquelle Google Reader a fermé est, on pas son insuccès, mais au contraire, le fait qu'il était encore beaucoup utilisé. Et qu'il faisait de l'ombre à la stratégie globale du groupe.
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