La semaine dernière, nous montrions comment le plan britannique de censure de la pornographie sur Internet créait un dangereux précédent démocratique, puisqu'il exige que les internautes qui souhaitent accéder à des contenus, légaux mais considérés déviants, le demandent explicitement auprès de leur fournisseur d'accès à internet. Le plan, qui est officialisé ce lundi par le premier ministre David Cameron, prévoit que les internautes aient l'obligation de signaler à leur FAI s'ils souhaitent accéder à des contenus pornographiques, et que l'identité de ceux qui demandent à lever le filtrage soit vérifiée, et consignée.
De façon très opportuniste et franchement malsaine, la propagande du gouvernement britannique associe dans un même ensemble la pornographie légale, qui met en scène des adultes consentants, et la pédopornographie qui exploite contre leur gré des enfants victimes de pédophiles incapables de maîtriser leurs pulsions sexuelles. Ainsi pour justifier le blocage par défaut des contenus pornographiques légaux, David Cameron a médiatisé la semaine dernière la visite des parents de deux enfants assassinés par des pédophiles qui avaient regardé des images illégales sur Internet.
Par ailleurs, selon le Telegraph, David Cameron devrait annoncer la constitution d'une "task force" entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui prévoit que les moteurs de recherche comme Google aient l'obligation de constituer une "liste noire des termes de recherches les plus dépravés et illégaux". Le quotidien britannique ne précise pas si cette liste servira uniquement à interdire de telles recherches, ou aussi à identifier les internautes qui tentent de trouver des contenus en les saisissant.
"J'ai un message très clair pour Google, Bing, Yahoo! et les autres. Il est de votre devoir d'agir sur cette question. C'est un devoir moral", a prévu de déclarer David Cameron, dont le discours a été rendu public avant son prononcé. "Ce que le client ne pourra pas acheter dans un magasin, il ne pourra pas le trouver sur Internet".
Mais les pédophiles qui recherchent des images de pédopornographie ne passent pas, ou de façon très marginale, par Google ou Bing. Le gouvernement britannique sait très bien que les criminels utilisent des réseaux chiffrés (des darknets) pour tenter de masquer leurs traces, et n'utilise les noms de Yahoo, Google ou Bing que pour évoquer des cibles connues des internautes lambdas. Le véritable dessein de l'administration britannique est de créer un précédent avec les images pornographiques et pédopornographiques, pour obtenir à terme le filtrage d'autres contenus comme ceux qui violent les droits d'auteur, qui font l'apologie du terrorisme, ou qui violent la vie privée des individus. Avec, pour chaque catégorie, des lignes rouge qui ne sont pas toujours simple à tracer.
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